5. Matériaux, techniques, métiers : approches théorique et pratique du faire artistique

La modiste, Jean Veber, 1907-1909, estampe, Paris, Bibliothèque nationale de France (source : Gallica).

La connaissance des modes d’élaboration des œuvres d’art sous leurs aspects les plus divers est au cœur des recherches abordées au sein de ce thème, quels que soient les domaines et les objets (béton, verre, mobilier, vêtement, papier) et la chronologie, du Moyen Âge à nos jours.

Ces travaux conduisent les chercheurs à s’intéresser à la fois à l’étude matérielle des œuvres d’art (connaissance et choix des matériaux), aux processus de création (gestes, outils, pratiques…) et aux contextes professionnels (cadres institutionnels, juridiques…), en remettant en cause l’image du génie créateur solitaire au profit d’une vision collective de l’œuvre d’art.

Présentation

Il est nécessaire de s’intéresser d’une part à l’étude matérielle des œuvres. Il s’agit d’être en mesure de connaître l’origine, les qualités spécifiques, l’histoire de chacune de leurs composantes. Cette approche ne peut être exclusive, mais il est nécessaire de peser toutes les raisons possibles du choix des matériaux ainsi que l’implication de ceux-ci sur l’exécution, et finalement sur l’œuvre achevée. L’étude des matériaux constitutifs de l’œuvre implique aujourd’hui que la recherche se positionne à l’interface de plusieurs disciplines, sciences de la matière et de l’environnement d’une part, histoire économique et sociale d’autre part : verre des vitraux en lien avec les peintres verriers et les chimistes ; méthodes et matériaux de la restauration ; matériaux de construction pour l’architecture, etc. Cette histoire matérielle de l’art recouvre bien des domaines de spécialité représentés au Centre André-Chastel, de l’estampe à l’art des jardins, en passant par le vêtement ou même l’art vidéo.

Il faut d’autre part se concentrer sur les processus de création. Leurs moteurs sont certes matériels, mais surtout humains. Il s’agit ici de repenser les contours de notre discipline et de les élargir à une approche culturelle et sociale. Elle est par exemple au cœur des études sur l’histoire des arts décoratifs et de la mode. Dans bien des cas, il faut dépasser la question récurrente et stérile de la hiérarchie des arts et offrir de nouvelles propositions méthodologiques et théoriques. Les processus de création envisagés selon les différentes spécialités des membres du thème sont nombreux, qu’il soit question du dessin d’architecture, des pratiques du collage, de la restauration des vitraux ou des pratiques contemporaines du jardinier.

Il faut enfin envisager la question de l’émergence, de l’organisation et des développements des métiers propres à la création artistique, qui constitue un sujet de réflexion capital, qu’il s’agisse d’un cadre corporatif, académique ou institutionnel. En découlent de nombreuses questions liées au partage de l’invention et à la répartition du travail. Au sein du thème 5 du Centre André-Chastel, elles concernent, entre autres, les rapports peintres-peintres verriers, les dessinateurs de costume et exécutants au XVII^e siècle, le métier de jardinier ou encore les mutations du métier d’artiste décorateur au XX^e siècle. Elles font ainsi de l’historien de l’art le témoin de leviers décisifs pour la création artistique.