Aller au contenu principal Aller au menu Aller à la recherche

AddToAny share buttons

Modèles et réalisations en habitat dense-horizontal au Danemark (1947–1988). Standardisation constructive, urbanisme communautaire et acculturations internationales

Thèse

Résumé

Cette dissertation explore la généalogie architecturale, urbaine et théorique de l’habitat dense-horizontal (tæt-lav boligbebyggelse), un mouvement d’urbanisme communautaire apparu au Danemark dans les années 1960 et conçu comme une alternative à la fois à la maison individuelle et à l’habitat collectif de moyenne ou grande hauteur. Cette recherche examine les motivations des principaux acteurs de ce mouvement – essentiellement des architectes – qui visaient à recréer des formes de vie en communauté (fællesskaber) en réponse aux multiples crises sociales, politiques et architecturales attribuées à la société d’État-providence d’après-guerre.

Le développement retrace l’évolution historique du modèle dense-horizontal, depuis ses origines au milieu du XXe siècle, en passant par les premiers quartiers de maisons à patio apparus à la fin des années 1940, jusqu’aux recherches ultérieures sur la préfabrication flexible, qui donnèrent lieu à des expérimentations architecturales fondées sur des structures d’habitat en auto-croissance horizontale. La thèse examine également la transformation épistémologique de la notion de communauté, notamment à travers l’influence des recherches sociologiques et du cohabitat (bofællesskab) à la fin des années 1960. Enfin, elle aborde les développements ultérieurs de l’habitat dense-horizontal à partir des années 1970, marqués par la construction en masse et l’essor de formes néo-traditionnelles et pittoresques à grande échelle, ainsi que les critiques qu’elles ont suscitées.

Cette dissertation reconsidère la portée historique du concours d’idées « Dense-horizontal – une forme d’habitat », organisé en 1971–1972 par l’Institut danois de recherche sur le bâtiment (Statens Byggeforskningsinstitut, SBI), en le contextualisant dans une trajectoire plus large de recherches sur des modèles alternatifs d’habitat. Plutôt que de considérer ce concours comme un point de départ, cette dissertation soutient qu’aucune définition univoque de l’habitat dense-horizontal ne peut être établie. Elle met plutôt en lumière le caractère adaptatif de ce modèle face aux défis posés par chaque phase de son développement historique, façonné par les apports multiples de références nationales et internationales – allant de la cité-jardin, de la tradition fonctionnelle et de l’unité de voisinage, jusqu’aux derniers congrès du CIAM, de Team 10 et au-delà. Au cœur de cette trajectoire se dessine une polarisation croissante entre deux typologies d’habitat aux fonctions divergentes : la maison à cour et la maison en bande avec jardin à l’avant et à l’arrière.

Cette thèse inscrit l’habitat dense-horizontal dans l’histoire de l’urbanisme communautaire danois du XXe siècle, et met en lumière l’étude spécifique, encore insuffisamment documentée, menée par les architectes danois sur les formes vernaculaires d’habitat et d’urbanisme, envisagées comme modèles pour la construction de quartiers denses-horizontaux. Elle examine en particulier les transferts architecturaux complexes et bidirectionnels avec les pays méditerranéens, nord-africains et musulmans – en se concentrant sur l’importation au Danemark de maisons tournées vers l’intérieur, favorisant l’intimité, et sur leur relation problématique avec l’idéal de socialisation communautaire porté par les acteurs de l’habitat dense-horizontal. Cette recherche retrace également les programmes ultérieurs menés par des architectes danois au Moyen-Orient et en l’Afrique du Nord (MENA), dans le contexte des débuts du développementalisme danois à partir des années 1960. La conclusion propose une série d'hypothèses sur la portée théorique du concept de communauté tel que le formulent ou le présupposent les tenants de l’habitat dense-horizontal : la transformation de la condition humaine par l’habitat.

Jury

  • Mme Ellen BRAAE - Professeur, Université de Copenhague, pré-rapporteure et membre de jury
  • M. Mikkel THELLE - Chercheur principal, Musée national du Danemark, pré-rapporteur et membre du jury
  • M. Tom AVERMAETE - Professeur, ETH Zurich, membre du jury
  • Mme Isabelle GOURNAY - Professeur émérite, Université du Maryland, membre du jury
  • Mme Eléonore MARANTZ -  Maître de conférence, Université Panthéon-Sorbonne, membre de jury
  • Jean-Baptiste MINNAERT - Professeur, Sorbonne Université, directeur de thèse