Les recherches réalisées au sein du thème 1. Décors, monuments et paysages répondent à l’intérêt croissant des sociétés européennes et extra-européennes pour la sauvegarde et la valorisation des architectures, des espaces urbains et des paysages transformés par la modernisation des territoires, surtout depuis la révolution industrielle. Les évolutions sociétales entraînent la densification ou l’abandon des centres et l’urbanisation des périphéries. Elles produisent autant de dégradations que d’opportunités de valorisation, sujets d’étude des membres du thème 1 depuis la recherche fondamentale jusqu’à sa diffusion de ses résultats auprès des citoyens.
L’observateur savant et le profane appréhendent les espaces naturels ou culturels suivant trois échelles : la nature présupposée intacte ou organisée par l’homme (paysages et jardins) ; la ville et l’architecture (espaces urbains, monuments et bâti ordinaire), ainsi que leurs affectations, leurs structures et leurs distributions, saisies dans leurs dimensions sociale, technique, fonctionnelle, esthétique et symbolique.
Les monuments sont étudiés comme témoins matériels et visant à la pérennité des idées politiques, surtout à travers leur institutionnalisation à partir du XIXe siècle. Par leur emplacement, leur programme, leurs dimensions, leurs matériaux et leur décor, les monuments apparaissent comme des idéologies bâties. Leur charge symbolique exprime les identités nationales, concept qui émerge progressivement à partir du XIXe siècle. Encore située hors du champ patrimonial et de l’histoire de l’architecture, la périurbanisation qui débute au milieu du XXe siècle est désormais appréhendée autant comme une dynamique urbaine que comme une forme bâtie. L’implication du Centre André-Chastel dans les projets et les évolutions méthodologiques de l’Inventaire général du patrimoine culturel au ministère de la Culture (créé par André Chastel en 1964) est constitutif de l’identité de l’unité de recherche.
Plusieurs membres du Centre André-Chastel ont intégré l’équipe pluridisciplinaire chargée de la restauration de Notre-Dame de Paris après l’incendie de 2019. Au-delà de ce grand chantier, les chercheurs du Centre André-Chastel s’intéressent aux rapports entre architecture et espaces urbains médiévaux. L’architecture à la Renaissance fait l’objet d’investigations centrées notamment sur la Seconde École de Fontainebleau. Les circuits commerciaux et les acteurs du commerce du luxe, le goût et les résidences royales et aristocratiques en France aux XVIIe et XVIIIe siècles sont appréhendés dans une optique d’histoire sociale, matérielle et économique comme expression du pouvoir ou d’un statut social. L’histoire des jardins est étudiée dans une transdisciplinarité avec les sciences du vivant, particulièrement pertinente en cette période de changement climatique impliquant l’évolution des biotopes.
L’équipe associée au Corpus Vitrearum, unique en France, étudie les vitraux, depuis les fouilles archéologiques jusqu’aux verrières in situ et a développé une expertise reconnue internationalement. L’équipe vitrail travaille dans le cadre de sa saisine par l’État pour toute restauration ou expertise des ensembles vitrés médiévaux, modernes ou contemporains, dans les grands édifices religieux et civils français appartenant à l’État ou aux collectivités territoriales.
Les chercheurs du thème 1 recourent aux outils numériques récents et associent l’étude des archives à celle du matériel archéologique et du bâti, avec les représentations culturelles, écrites, figurées et imaginaires. Leurs recherches s’élargissent à une réflexion pluridisciplinaire portant sur l’évolution de l’historiographie, des méthodes et des théories. Plusieurs projets s’appuient sur la plateforme Plemo 3D, mise en place en partenariat avec l’université de technologie de Compiègne. Les recherches concernant le patrimoine s’intègrent aussi aux dispositifs de financement et de mise en réseaux de l’Observatoire des patrimoines de Sorbonne Université (OPUS)