
Sabine Berger
Le paysage monumental médiéval de Budapest, des Árpáds à la conquête ottomane : altérité et identité aux marges de l’Europe chrétienne
Cette communication proposera un bref panorama du paysage monumental médiéval de Budapest, scindée au Moyen Âge en trois entités distinctes, Óbuda, Buda et Pest. Bien que les édifices des XIIe-XVe siècles encore présents dans la capitale hongroise aient été très remaniés, et parfois même rebâtis, ils ont pu faire l’objet de nombreuses études, certaines très récentes, et leur valorisation est constante. Après une introduction situant la ville au cœur de l’histoire bimillénaire de la Hongrie, seront présentés les sources et outils majeurs à la disposition du chercheur, puis les principaux monuments civils et religieux ponctuant les deux rives de Budapest de même que l’île Marguerite, enfin, les pistes de recherche et dernières actualités marquantes touchant l’histoire monumentale médiévale budapestoise.
Silvia Marcheselli et Sarah Flitti Averroès dans l’iconographie du Triomphe de Thomas d’Aquin (Pise et Florence, v. 1320-v. 1475)
La canonisation de Thomas d’Aquin (1225/1226-1274) en 1323 entraîne l'élaboration d'une iconographie à sa gloire dans les foyers picturaux de la Toscane. En prenant pour point de départ le tableau peint par Lippo Memmi pour l’église Sainte-Catherine de Pise, cette communication interroge la place d’Averroès (Ibn Rushd, 1126-1198) dans les images de Thomas d’Aquin. Au grand commentateur d’Aristote, les images substituent une figure imaginaire de l’altérité islamique, représentée mélancolique et vaincue. Les travaux de Jean-Baptiste Brenet (Macula, 2024) ont restitué les termes du débat théologico-philosophique qui sous-tendent la représentation, en soulignant la contradiction apparente entre la mise en images du rejet de l’averroïsme et le rôle crucial d’Averroès dans la transmission d’Aristote en Occident chrétien. Dans une perspective historique et artistique, nous reviendrons sur le rôle des frères dominicains de Sainte-Catherine, dont le couvent héberge un studium renommé, dans la production picturale pisane. L’intensité de la commande artistique, le déploiement des chantiers et les dynamiques sociales qu’ils engagent, déterminent la mise en place des conventions iconographiques. Dans un second temps, il sera question de la place de l’écriture dans l’iconographie de Thomas d’Aquin, qui donne naissance à une représentation inédite de la hiérarchie des écrits, mais aussi de celle, moins remarquée, des signes graphiques non-latins et notamment arabes, paradoxalement inclus dans les pratiques ornementales de la Toscane médiévale.