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[ARCHIVES 2012-2017] 5. Matériaux, techniques, métiers : enquêtes sur les savoir-faire artistiques

Génie ailé par Marguerite Huré, vers 1930 (panneau conservé au musée des Années 30) © Inventaire général / Phot. Philppe Fortin, ADAGP

Ce thème rassemble des recherches qui abordent l’art et ses diverses pratiques à partir de la notion très large de culture matérielle, qui, essentiellement élaborée en archéologie, mérite d’être mieux développée dans le champ de l’histoire de l’art.

C’est sous cet angle que sera envisagée la genèse des œuvres d’art, à travers l’étude des matériaux constitutifs, des processus de production, des techniques, des métiers et des formations, des aspects de théorisation, d’usages, de diffusion et de réception. Les travaux qui y sont engagés, dans des domaines variés, par exemple ceux du verre, du textile, des jardins ou de l’estampe, invitent à l’étude des matériaux et des métiers selon une approche pluridisciplinaire.

Présentation

Le thème 5 Matériaux, techniques, métiers est composé de deux axes :

Histoire matérielle de l’art
Paris, Sainte-Chapelle, baie 107 (L), «Histoire de Josué : l'extermination des infidèles après la prise de Jéricho» © Michel Hérold, Centre André Chastel

La connaissance des modes d’élaboration des œuvres d’art et l’étude de leurs matériaux constitutifs impliquent que la recherche se positionne à l’interface entre plusieurs disciplines : sciences de la matière et de l’environnement d’une part, histoire économique et sociale d’autre part.

  • Verre et peinture sur verre du haut Moyen Âge au XVIe siècle : études pluridisciplinaires des matériaux (S. Balcon, K. Boulanger, M. Hérold) ;
  • Histoire du végétal appliquée aux jardins (H. Brunon).

La connaissance des modes d’élaboration des œuvres d’art et l’étude de leurs matériaux constitutifs impliquent aujourd’hui que la recherche se positionne à l’interface entre plusieurs disciplines : sciences de la matière et de l’environnement d’une part, histoire économique et sociale d’autre part. La portée des résultats réunis s’en trouve largement renforcée et surtout amplifiée.

Verre et peinture sur verre du haut Moyen Âge au XVIe siècle : études pluridisciplinaires des matériaux

Les chercheurs travaillant sur l’histoire du vitrail (Sylvie BalconKarine BoulangerMichel Hérold) fréquentent depuis de nombreuses années les fonds d’archives anciennes et surtout les ateliers de restauration ; le verre plat issu des fouilles archéologiques vient par ailleurs compléter les données pour le haut Moyen Âge. Le niveau d’expertise acquis offre de vastes perspectives de collaborations avec des partenaires spécialistes en « sciences dures ».

L’un des projets en cours s’inscrit comme une participation active au Labex Matisse. Il s’agit d’une étude fondamentale du verre bleu (processus de coloration), sous la direction de G. Calas (Institut de Minéralogie et de Physique des Milieux Condensés), en collaboration avec le LRMH (I. Pallot-Frossard, Cl. Loisel). La compétence du Centre Chastel est mise à contribution dans le choix des échantillons (authenticité, pertinence de leur datation), l’un des buts étant de cerner les principales césures technologiques marquant l’histoire du verre et du vitrail dans le cadre d’une chronologie large.

La poursuite du programme d’analyse des verres et des peintures des vitraux sans prélèvements, grâce à l’Accélérateur Grand Louvre d’Analyse Elémentaire (AGLAE), en collaboration avec le LRMH et le C2RMF, participe au même souci de recherche fondamentale. L’objectif principal est de réunir un échantillonnage d’analyses de plus en plus serré et de résoudre des problèmes spécifiques. L’analyse conjointe du verre et de la peinture permet aussi d’aborder sous un angle nouveau les questions relatives aux pratiques d’ateliers et à la circulation des peintres verriers.

Mots clés : vitrail, verre, coloration, composition, grisaille, jaune d’argent, sanguine, peinture à froid

Histoire du végétal appliquée aux jardins

Cet axe poursuivra le précédent programme conduit depuis 2007 par la Section Histoire culturelle des jardins et du paysage, en partenariat avec le Centre de recherche du château de Versailles en 2007-2010. Il vise à mieux analyser l’évolution des palettes horticoles dans les jardins aux époques moderne et contemporaine, déterminée par de nombreux facteurs (progrès de la botanique, introductions de plantes « exotiques », circulation des taxons, développement des pépinières, effets de mode, changements et événements climatiques, etc.) et a déjà donné lieu à la base de données Hortus, accessible depuis mars 2012, qui rassemble des sources traitant du végétal dans les grands jardins européens à l’époque moderne. Le développement et l’alimentation de la base seront poursuivis, sous la coordination d’Hervé Brunon, et deux publications collectives préparées : Répertoire analytique et critique des sources pour l’histoire du végétal appliquée aux jardins (d’ici 3 ans) ; un ouvrage de synthèse sur l’exploitation des résultats (d’ici 5 ans). Hervé Brunon prévoit en outre de donner des sujets de thèse en lien avec ces problématiques. Enfin, concernant l’époque actuelle, un numéro thématique de la revue Les Carnets du paysage devrait porter en 2014 ou 2015 sur les améliorations végétales, le rôle des pépiniéristes et les préoccupations pour la biodiversité dans les projets de paysage.

Mots clés : anthroposystèmes ; biodiversité ; botanique ; culture matérielle ; écosystèmes ; jardins ; histoire des sciences et des techniques ; interdisciplinarité

Juillet 2012

Pratiques et médias
Jean Arp dans son atelier à Clamart, 1962 (phot. André Morain) © Locarno, Fondazione Marguerite Arp

Une nouvelle approche culturelle et sociale envisage de passer outre la question de la hiérarchie des arts et d’offrir de nouvelles propositions méthodologiques et théoriques.

  • Le costume au service des spectacles donnés au XVIIe siècle (J. de La Gorce) ;
  • Histoire matérielle de l'estampe, de la matrice au support (M. Grivel) ;
  • Du recueil à l'objet : circulation et usage des modèles d'ornements, 1851-1939 (J. Cerman) ;
  • Le collage entre les arts : histoire et théorie, pratiques et principes, usages et fonctions (I. Ewig, A. Goetz, A. Maillet).

Interroger les pratiques artistiques et les métiers qui y sont associés contribue à repenser les contours de notre discipline et à les élargir selon une approche culturelle et sociale. Cette dernière envisage ainsi de passer outre la question de la hiérarchie des arts et d’offrir de nouvelles propositions méthodologiques et théoriques. Ces travaux seront conduits en articulation avec le thème Acteurs, institutions, réseaux.

Le costume au service des spectacles donnés au XVIIe siècle

Après l’inventaire des 757 dessins et 109 estampes conservés dans les recueils des Menus Plaisirs du roi, disponible sur la base de données « Archim » des Archives nationales, Jérôme de La Gorce entreprendra un catalogue raisonné des 1 644 feuilles révélant des costumes de spectacles, qu’on peut aujourd’hui consulter au musée du Louvre, dans quatorze volumes de la Collection Edmond de Rothschild. Malgré de nombreuses copies d’atelier, cet ensemble encore peu connu renferme de nombreux projets originaux, conçus généralement pour des divertissements donnés à la cour de France au XVIIe siècle : ballets, mascarades, carrousels, mais aussi comédies-ballets de Molière et tragédies mises en musique par Lully, dont Louis XIV était si friand.

Ces pièces exceptionnelles, qu’il convient d’attribuer pour la plupart aux dessinateurs du Cabinet du roi, Henri Gissey et Jean Berain, seront étudiées dans une véritable démarche interdisciplinaire : outre leurs rapports avec le répertoire varié qu’elles servaient, elles méritent d’être analysées afin de déceler notamment les idées qu’elles suggéraient à leurs auteurs pour respecter la fameuse « règle de la convenance des habits ». Elles sont ensuite remarquables par tous les renseignements qu’elles livrent sur la réalisation des costumes, considérés à cette époque comme les plus beaux d’Europe. Les annotations parfois abondantes qu’elles comportent permettent en effet de connaître avec précision la tâche des différents corps de métiers qui intervenaient pour leur création, du plumassier au cordonnier en passant par les tailleurs, les brodeurs ou les marchands d’étoffes d’or et d’argent, dont rendent également compte les archives. Ces recherches en suscitent déjà d’autres : en 2013, le Centre André Chastel accueillera pour un stage postdoctoral un Canadien, Mickaël Bouffard, qui viendra tirer de cette collection de dessins tous les renseignements relatifs à la gestuelle des spectacles qu’ils illustrent.

Mots clés : dessin ; costume ; spectacle ; tailleur ; brodeur ; tissus ; gestuelle

Histoire matérielle de l'estampe, de la matrice au support

Dans le cadre d’une histoire économique et sociale de l’art de l’estampe, il s’agira d’étudier l’histoire des techniques d’impression, depuis les origines de l’impression en relief ou en creux jusqu’à l’impression numérique utilisée de nos jours. Marianne Grivel (avec la collaboration de Benoît Dufournier) s’intéressera à la production et l’utilisation des différents types de presses, de matrices (planches de bois, plaques de cuivre ou d’acier, pierres lithographiques, etc.), de supports (papier, satin, soie, etc.) et d’encres utilisés par les imprimeurs. Les sources seront, en dehors des planches et des œuvres encore conservées, les minutes notariales (inventaires après décès, marchés), les archives de la chambre syndicale ou les archives des séries F12 (commerce et industrie) ou F18 (imprimerie, librairie, presse, censure).

Mots clés : France ; estampe ; monde de l’édition ; marché de l’art

Du recueil à l'objet : circulation et usage des modèles d'ornements (1851-1939)

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, et en particulier de la fameuse Grammaire de l’ornement d’Owen Jones, la publication de modèles d’ornements, sous la forme de recueils ou comme illustrations d’ouvrages et de manuels théoriques, a constitué un enjeu majeur au sein des débats qui animèrent les scènes artistiques quant au renouvellement désiré des arts décoratifs. Si un bon nombre d’albums pérennisèrent une dimension encyclopédique, l’émergence de styles décoratifs modernes amplifia l’essor de ce secteur éditorial. Cet axe propose ainsi d'examiner le rôle joué par ces publications en tant qu'intermédiaires entre, d'une part, les tendances décoratives développées sur les scènes artistiques et, d’autre part, leur diffusion, leur généralisation et leurs applications concrètes par les décorateurs, les artisans et les dessinateurs industriels. Tout en envisageant d'aborder ces documents à la fois en tant qu'outils de formation et comme sources d'inspiration pour les publics variés auxquels ils s'adressaient, Jérémie Cerman entend particulièrement concentrer ses recherches sur l'œuvre de certains des créateurs d'ornements en question. Dans le cadre de ces travaux, l'intérêt qu'il porte à la question de l'art industriel le mène également à envisager l'organisation, avec Jean-Yves Andrieux, d'un colloque sur ce sujet.

Mots clés : ornement ; arts décoratifs ; art industriel ; dessin industriel ; art et techniques ; estampes

Le collage entre les arts : histoire et théorie, pratiques et principes, usages et fonctions

Est-il besoin de revenir sur le collage ? Les ouvrages de synthèse existent, qu’ils soient le plus exhaustif possible (Herta Wescher, 1968) ou synthétique (Jean-Yves Bosseur, 2010), mais ce projet, porté par Isabelle EwigJean-Louis GailleminAdrien Goetz et Arnaud Maillet, ne vise pas à écrire une énième histoire du collage. Les travaux d’Isabelle Ewig sur Kurt Schwitters et Jean Arp, ceux de Jean-Louis Gaillemin sur le surréalisme (Dali), le design et le post-modernisme, ceux d’Adrien Goetz sur Ingres (Ingres Collages, 2005) et Chateaubriand (Le Coiffeur de Chateaubriand, 2010) et ceux d’Arnaud Maillet sur le film ou encore le kaléidoscope sont à l’origine de ce projet collectif. Se réapproprier la question du collage aujourd’hui, c’est vouloir penser autrement la modernité, écrire une histoire transversale et « impure », remettant en cause ruptures historiques et pureté du médium. Pour ce faire, il s’agira d’être au plus près de la création, en examinant le collage d’une part sous l’angle de ses pratiques (matériaux, outils, gestes) afin de mieux en saisir le sens, selon l’idée qu’un artiste pense avec les mains (Denis de Rougemont) ; d’autre part, sous l’angle des principes qui président au collage quelle que soit la discipline envisagée (arts plastiques, littérature, arts décoratifs, film, etc.) selon l’assertion de Max Ernst : « Si ce sont les plumes qui font le collage, ce n’est pas la colle qui fait le collage ». Enfin, le choix du collage par un artiste a sa raison d’être. Aussi proposerons-nous une nouvelle typologie du collage, selon ses usages et ses fonctions : plastique, poétique, humoristique, sociale, politique, publicitaire, mnésique, pédagogique, féministe, psychiatrique, etc. Le projet sera scandé par des journées d’étude et trouvera son aboutissement dans un colloque international accompagné d’une publication. Une anthologie rassemblant les textes essentiels sur le collage (textes d'artistes, de critiques, d’historiens de l'art, d’écrivains, etc.), qui seraient introduits, commentés et annotés, est également envisagée.

Juillet 2012

 

Membres rattachés au thème

Enseignants-chercheurs de l’université Paris-Sorbonne

Sylvie Balcon-Berry (MCF)
Jérémie Cerman (MCF)
Isabelle Ewig (MCF)
Adrien Goetz (MCF)
Marianne Grivel (PR)
Arnaud Maillet (MCF)
Jean-Baptiste Minnaert (PR)

PAST

Pascale Gorguet Ballesteros

Directeur de recherche du CNRS

Hervé Brunon

Conservateurs du patrimoine du MCC

Michel Hérold (CGP)
Élisabeth Pillet (CP)

ITA du CNRS

Karine Boulanger (IE)

Professeur émérite de Paris-Sorbonne

Serge Lemoine

Directeur de recherche émérite du CNRS

Jérôme de La Gorce

Membres honoraires

Jean-Pierre Blin (CGP MCC)
Martine Callias Bey (IE MCC)
Benoît Dufournier (IE MCC)
Geneviève François (AI MCC)
Françoise Gatouillat (IR MCC)
Jean-Louis Gaillemin (MCF Paris-Sorbonne)
Claudine Lautier (CR CNRS)

Doctorants :

Elliot Adam, Élise Banjenec, Matthias Barthel, Véronique BoidardMathieu CaronCamilla CeccottiSung Moon ChoAmanda De Freitas CoelhoElsa EspinAgnès Flambard, Jackie Fonteneau, Elvina Gilles-GueryBruno GuiloisLydia Hamiti, Erwann Le Franc, Mathieu Lejeune, Hélène Marcq, Maxime-Georges Métraux, Vera Pierantoni Giua, Myriam Prot-Poilvet, Romain Remaud, Carmine Romano, Côme Rombout, Mélanie Salitot, Piyush Wadhera

MAJ décembre 2017