Résumé
Les photographes actifs en France et leur production ont, tout au long de l’entre-deux-guerres, éveillé un intérêt continu chez leurs homologues tchèques. Cette thèse se propose d’étudier les transferts en photographie entre France et Pays tchèques qui résultèrent de cette fascination. Fondée sur une approche matérielle des circulations de personnes, d’images et de concepts, elle vise à définir la scène photographique tchèque en fonction de son rapport à la France et de ses métissages.
L’enquête a porté sur les flux photographiques – reproductions photomécaniques et catalogues d’exposition – et les activités des médiateurs et photographes à l’intersection entre les deux pays. Elle a montré, d’une part, que les Pays tchèques furent non seulement un lieu de passage d’apports français, particulièrement marquants au regard des impulsions allemandes et russes, mais aussi un centre d’exportation d’une production photographique locale. Elle a révélé, d’autre part, les hybridations auxquelles a donné lieu l’accueil de la scène photographique française. Le courant surréaliste tchèque en fut l’exemple le plus marquant : dépassant le simple geste d’adhésion, cette production originale s’est à son tour exportée, à la faveur d’un processus de circulation et de transformation réciproques caractéristique du phénomène de transfert. Les séjours et expériences photographiques des Tchèques en France et leur contribution à l’ « école de Paris de la photographie » complètent ce panorama des interactions entre les deux pays.
Le prisme des transferts culturels adopté dans notre étude a agi comme un révélateur d’acteurs, d’images et de concepts ignorés jusque-là des histoires nationales de la photographie. Il a également montré comment la réceptivité des photographes tchèques vis-à-vis de la France a pu, en retour, favoriser l’émergence du modernisme photographique dans leur pays.
Synopsis
The continuous interest shown by Czech photographers in their French counterparts during the interwar period set the ground and provided favorable conditions for a transfer in photography between France and the Czech Lands, which this dissertation sets forth to explicate.
Rooted in a material approach towards the various circulations of individuals, images and concepts, this study considers the Czech photographic scene in light of its specific relation to France and analyzes the resulting hybridizations. The research focuses on photographic vectors such as photomechanical reproductions, exhibition catalogues and the activities of mediators and photographers working between the two countries. It illuminates a network of relations between French, German and Russian impulses and describes also the export of a local photographic production. The Czech surrealist current is a prominent hybridization that resulted from the strong reception of the French photographic scene. It was exported again as an original Czech production, and as such exemplifies the process of mutual circulation and transformation that describes the concept of transfer. An expansive study of Czech journeys to France, their photographic experience of the country and their subsequent contribution to the “Paris school of photography” complete this overview of the interactions and transfers between both countries.
By situating Czech photography within the discourse of cultural transfers, this dissertation reveals actors, images, concepts and developments that until now have been critically absent from national photography histories. It also demonstrates how the receptivity of Czech photographers to France in return favored the emergence of photographic modernism in their country.
Jury de soutenance
- M. Christian Joschke (PARIS 10)
- Mme Markéta Theinhardt (PARIS 4)
- M. Guillaume Le Gall (PARIS 4)
- M. Arnauld Pierre (PARIS 4)
- M. Michel Poivert (PARIS 1)
- Mme Maria Stavrinaki (PARIS 1)