Cette communication de Benjamin Foudral, invité par Barthélémy Jobert et Frédérique Thomas-Maurin, se tiendra en salle Ingres (2e étage) de 18h30 à 20h. Entrée libre
Cette communication vise à présenter l’exposition « Léon Frederic (1856-1940), un autre réalisme » qui se déroulera au musée Gustave Courbet d’Ornans de juillet à octobre 2018.
Depuis son ouverture en 2011, le musée Gustave Courbet privilégie les expositions qui permettent non seulement d’approfondir la connaissance de l’œuvre de Courbet mais aussi de le mettre en résonance avec d’autres artistes. Aussi n’est-il pas étonnant que le musée initie un regard tourné vers la Belgique et ses artistes tant l’impact du maître français et de son art y fut retentissant. La récente exposition « Gustave Courbet et la Belgique » qui s’est déroulée en 2013 aux Musées royaux des Beaux-arts de Belgique mettait déjà en lumière la génération de la Société libre des Beaux-arts de Bruxelles (1868-1876) définitivement liée à Courbet qui, après sollicitation, est devenu membre d’honneur de ce nouveau cercle artistique. S’inscrivant dans les pas de Courbet, ces artistes prônaient un art affranchi de la hiérarchie des genres et du jugement officiel, un « art libre » comme l’a exprimé le maître d’Ornans dans son célèbre manifeste.
La présente exposition « Léon Frederic (1856-1940), un autre réalisme » souhaite approcher le cas de la génération suivante, trop souvent englobée sous le terme de naturaliste, à travers la figure et l’art du peintre belge Léon Frederic. Formé à l’Académie royale des Beaux-arts de Bruxelles et à l’Atelier libre du peintre académique Jean Portaels, Léon Frederic, aujourd’hui méconnu, était l’une des figures de proue de la nouvelle école belge de la fin du XIXe siècle. Fort de nombreux succès en Belgique et à l’international (en particulier au Salon du Champ de Mars de Paris), Frederic fut considéré de son vivant comme le plus important peintre belge. Décrit comme « un paysan flamand qui aurait appris son métier chez Van Eyck et qui, par la suite, aurait rencontré Courbet » par le critique parisien Michel André en 1896, Frederic partage avec le peintre français une même quête de la réalité objective associée à une sincérité de l’artiste et d’indépendance face aux conventions.
L’exposition « Léon Frederic (1856-1940), un autre réalisme » souhaite démontrer comment, à la suite de Courbet, la Belgique artistique s’empare de l’esthétique et des sujets réalistes pour en devenir le fer de lance des nouvelles générations progressistes. De la représentation sans fard du monde paysan et ouvrier à l’idéalisation utopique de ce quotidien, l’art de Frederic s’inscrit à la fois dans l’héritage du réalisme de Courbet et s’en distingue afin d’exprimer un « art libre », sincère et personnel si cher au maître franc-comtois. Aussi bien élitiste que populaire, cosmopolite que national, spirituel que séculaire, engagé que libre, l’art de Léon Frederic, aussi complexe que paradoxal, est profondément ancré dans cette fin du XIXe siècle. Cette rétrospective pose un regard neuf sur ce peintre oublié et méconnu, regard qui suppose l’abolition de la division binaire entre artistes formellement novateurs et suiveurs de la tradition.