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Art contemporain et miracolo economico. L’imaginaire social de l'économie industrielle italienne (1945-1968)

Communication dans un congrès
2024
Federica Milano. Art contemporain et miracolo economico. L’imaginaire social de l'économie industrielle italienne (1945-1968). 22e École de Printemps 2024. L’imaginaire social et le rôle des images, des œuvres d’art et de l’architecture, Johannes Grave; Britta Hochkirchen; Université Friedrich Schiller d’Iéna, Jun 2024, Weimar, Allemagne. ⟨hal-05173263⟩
Bien que les intellectuels antifascistes aient, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, décrit le fascisme comme une forme de non-cultura, il est aujourd’hui reconnu que le régime mussolinien est parvenu à imposer un imaginaire social plus ou moins cohérent, grâce à une utilisation sans précédent des médias de masse. Dans le nouvel ordre politique international de la fin des années 1940, l’un des défis majeurs auxquels est confrontée la République italienne récemment constituée consiste donc à créer de nouvelles formes d’autoreprésentation capables de garantir la stabilité politique tout en consolidant les relations avec ses nouveaux alliés. Le secteur industriel de la période de la Reconstruction se trouve ainsi au croisement de tensions et d’intérêts à la fois nationaux et étrangers : tout en conservant certaines institutions et stratégies héritées du dirigisme étatique fasciste — au premier rang desquelles l’Istituto per la Ricostruzione Industriale — il s’ouvre désormais au commerce international après des décennies d’autarcie, et conclut des accords économiques et monétaires avec les nouveaux partenaires du Pacte atlantique. Le processus de croissance de l’après-guerre, connu sous le nom de miracolo economico, se construit également en opposition à l’image d’une économie fasciste figée. La production made in Italy promeut une nouvelle image du pays en pleine expansion, gagnant la confiance des marchés alliés et projetant les citoyens italiens dans un avenir capitaliste aux accents pro-américains. Quel rôle l’art joue-t-il dans ce processus ? Au-delà de l’apport du design, les commandes industrielles d’art moderne ont contribué à forger un nouvel imaginaire social autour de l’économie de la République italienne entre 1945 et 1968 — date à laquelle cet imaginaire entre en collision avec celui, bien plus puissant, de la révolution. Le mécénat est alors pratiqué de manière informelle par certains capitaines d’industrie, tels que Giuseppe Luraghi ou Adriano Olivetti, et donne lieu à des épisodes marquants de l’art d’après-guerre, comme le cycle de tapisseries destiné aux paquebots de la Società Italiana di Navigazione (1962-1965), ou encore les pavillons Breda conçus par Lucio Fontana pour les foires internationales de Milan (1952-1953). À travers l’analyse de quelques exemples significatifs, cette contribution vise à montrer comment ces œuvres ont participé à renforcer l’image de l’essor économique italien, tant sur le plan national qu’international. Elle s’attachera notamment à souligner comment, en éclipsant l’héritage futuriste, ce sont les modèles inspirés des néo-avant-gardes internationales et des avant-gardes historiques non fascistes qui se sont imposés dans la construction d’un nouvel imaginaire social à la fois industrialisé et républicain.
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