Pour la quatrième année consécutive, le Centre André Chastel propose en 2014-2015 un cycle mensuel de rencontres scientifiques, dans des champs variés de l’histoire de l’art médiéval, moderne et contemporain, coordonné par Jérémie Koering (CNRS) et Emmanuel Lurin (université Paris-Sorbonne), assistés de Catherine Prioul (CNRS).
Conférences, tables rondes et présentations d’ouvrages permettent de faire connaître au public les travaux les plus récents de ses membres et correspondants.
Les rencontres du Centre André Chastel sont ouvertes à tous, dans la limite des places disponibles. Elles ont lieu en salle Ingres le mercredi de 18h 30 à 20h.
PROGRAMME 2014-2015
- 15 octobre 2014
Karine Boulanger
Régisseur ou metteur en scène ? Mettre en scène à l'Opéra de Paris avant 1914
Les expériences menées au théâtre à la fin du XIXe siècle ont révélé une personnalité essentielle dans la conception d’un spectacle, celle du metteur en scène. On considère toutefois que l’évolution fut beaucoup plus mesurée au théâtre lyrique.
Les incertitudes de la terminologie, la persistance pendant des décennies de l’emploi du terme « régisseur » pour désigner à la fois un membre du personnel technique et administratif, mais aussi le metteur en scène ; la complexité de l’organisation des grandes maisons théâtrales, l’implication des directeurs de théâtres, des auteurs et des artistes dans le réglage de la représentation, ont pu faire douter du rôle du régisseur-metteur en scène.
Les documents exceptionnels laissés par l’un d’eux, Paul Stuart, actif à l’Opéra entre 1908 et 1914, permettent de se plonger dans la réalité du montage d’un spectacle dans le premier théâtre lyrique de la capitale. Ils révèlent le parcours artistique d’un homme exigeant et conscient de ses responsabilités. Ils offrent une vision nuancée, parfois contrastée, du métier de régisseur à cette époque et attestent de l’affirmation d’un nouveau métier, celui de metteur en scène.
- 19 novembre 2014
Bertrand Lemoine
Les 101 mots du Grand Paris
Le Grand Paris est une réalité tout comme un projet particulièrement complexes. Se représenter la figure multiforme de ce continent urbain et cette démarche également multiforme nécessite d’embrasser une myriade de thèmes, de faits, de données, de chiffres qui rendent compte des multiples facettes de la métropole.
À l`occasion de la sortie du livre Les 101 Mots du Grand Paris, et en s’appuyant sur son expérience de près de quatre ans comme directeur général de l’Atelier International du Grand Paris, Bertrand Lemoine, actuellement directeur de recherche au CNRS au Centre André Chastel, propose un Tableau du Grand Paris à travers une série de mots choisis pour donner à comprendre voire à se représenter ce continent urbain. Sans avoir l’ambition d’un travail académique sur une histoire toujours en mouvement, cet ouvrage est une encyclopédie de poche, une sorte de Précis en forme d’abécédaire qui permet de rentrer par autant de portes dans l’espace mental du Grand Paris.
- 17 décembre 2014
Sabine Berger
Enjeux et modalités de la commande artistique sous les derniers Capétiens : l’action des conseillers royaux (1270-1328)
La commande artistique à l’initiative des serviteurs du roi de France à l’aube du XIVe siècle est importante et diversifiée, en témoignent les nombreuses œuvres conservées dans les collections muséales ainsi que les édifices ou vestiges subsistant dans le paysage monumental actuel. Moins étudiée que l’action mécénale des conseillers des premiers Valois, cette question n’avait jamais fait l’objet d’une enquête approfondie examinant et confrontant sources archivistiques, textuelles, iconographiques et monumentales afin de comprendre l’univers matériel, les goûts et la culture de ces hommes. Ces commandes répondent essentiellement aux besoins d’un courtisan : « bien vivre » en donnant à voir sa réussite sociale, favoriser celle de sa lignée et songer très tôt à son salut, en mettant en scène sa dépouille dans un cadre pérenne. La conjugaison de ces motivations mène à des réalisations originales, toujours distinctives de cette population de « thuriféraires de la monarchie » émergeant en France autour de 1300.
- 21 janvier 2015
Michel Hérold et Agnès Callu (musée des Arts décoratifs, département des Arts graphiques)
Jacques Gruber, Art déco. Les cartons de vitraux du musée des Arts décoratifs : documents d'atelier et œuvres achevées ?
L'inventaire du fonds de cartons de Jacques Gruber conservé au département des Arts graphiques du musée des Arts décoratifs a été réalisé en 2013. Il ouvre des voies nouvelles vers la connaissance de l'un des plus importants peintres verriers de l'Art déco. Ces plus de 250 dessins à grandeur d'exécution, réalisés entre 1914 et 1930 environ, témoignent d'une étape majeure de l'élaboration d’œuvres célèbres, dont plusieurs ont figuré à l'exposition de 1925. Ils permettent aussi d'explorer une part totalement inconnue de la production de Jacques Gruber, destinée à une clientèle privée. Cependant, faute de pouvoir être relié à un catalogue des œuvres et aux archives de l'atelier, aujourd'hui disparues, cet ensemble pose, pour son analyse, d'innombrables questions méthodologiques. La qualité parfois exceptionnelle de certains de ces cartons soulève par ailleurs une réflexion sur leur nature : si ces cartons dépassent le plus souvent la simple fonction de documents de travail, peuvent-ils pour autant prétendre au statut d’œuvre d'art ?
- 18 février 2015
Anne-Julie Lafaye (Trinity College Dublin)
“Monastic Ireland” : architecture et paysage monastiques dans l'Irlande médiévale
Le projet “Monastic Ireland: Landscape and Settlement” du Trinity College propose de clarifier le rôle des monastères dans la formation et la distribution de l’habitat rural et urbain irlandais entre les XIIe et XVIIIe siècles. L’un des phénomènes étudiés dans le cadre de ce projet est le rôle des ordres mendiants, dont les couvents deviennent au Moyen Âge un élément reconnaissable et caractéristique du paysage urbain européen. En Irlande, les frères mendiants découvrent un monde rural, très peu urbanisé, où les villes et bourgs qui les accueillent sont de taille parfois très modeste.
Aujourd’hui, la survie de nombreux vestiges mendiants dans tout le pays permet non seulement d’étudier l’architecture des couvents, mais aussi de mesurer leur impact sur un paysage médiéval singulier. C’est ce que nous souhaitons aborder dans cette communication, à travers des études de cas réalisées dans le cadre de “Monastic Ireland”, présentant ainsi un patrimoine architectural fascinant mais peu connu en dehors de l’Irlande.
- 18 mars 2015
Stéphane Castelluccio
Les ameublements des Grands et des Petits Appartements à Versailles (1701-1789) : tradition, modernité et intemporalité
À la remarquable stabilité de l’ameublement des parties officielles des appartements s’opposait l’évolution de celui des espaces particuliers, tant dans les formes que dans les couleurs. Les premières exprimaient la dignité et la pérennité de la Monarchie et de la fonction royale, tandis que les seconds témoignaient de l’humanité du souverain, de ses goûts et de sa manière de vivre personnelle.
Formé à l’École nationale des arts décoratifs, Maurice Dufrène débute sa carrière à la toute fin du XIXe siècle. S’il est fortement marqué dans un premier temps par l’Art nouveau, l’évolution progressive de sa production vers davantage de sobriété fait de lui, dans les années 1910, l’un des premiers représentants de l’Art déco. Figure phare du milieu des arts décoratifs français durant un demi-siècle, poursuivant dans l’entre-deux-guerres une carrière lui valant de nombreux titres et distinctions, Dufrène sut constamment adapter sa production à l’évolution du goût. Cette communication portera plus spécifiquement sur la dimension commerciale de ce parcours aux nombreuses facettes. Depuis sa contribution autour de 1900 au magasin La Maison Moderne de Julius Meier-Graefe (1867-1937) jusqu’à la direction artistique des ateliers d’arts appliqués La Maîtrise des Galeries Lafayette qu’il assure à partir de 1921, cette activité émanait d’une volonté de démocratisation des arts décoratifs, idéal hérité de l’Art nouveau et qui perdure au temps de l’Art déco.
- 20 mai 2015
Catherine Limousin
Corneille et Paul Theunissen dans la ronde des sculpteurs valenciennois
Le 24 septembre prochain, le musée des Beaux-Arts de Valenciennes rouvrira ses portes après un an de travaux de restauration. La ronde des artistes valenciennois, qui figure à l’entrée du bâtiment sur la coupole peinte par Lucien Jonas en 1922, pourra à nouveau être admirée.
Au centre du cortège des sculpteurs dont le plus connu demeure Jean-Baptiste Carpeaux, on peut voir dans une savante réunion intemporelle les frères Corneille Theunissen (Anzin, 1863 – Paris, 1918) et Paul Theunissen (Anzin, 1873 – Paris, 1931) associés au célèbre André Beauneveu ou à Jacques Saly et à plusieurs de leurs contemporains, Gustave Crauk, Léon Fagel, Aimé-Gustave Blaise, Elie Raset, Ulysse Terroir, Henri Désiré Gauquié, Félix Desruelles ou encore Lucien Brasseur.
Ces sculpteurs valenciennois, formés aux académies de Valenciennes, sont venus poursuivre leur formation à l’École des beaux-arts de Paris. Premier ou second premier grand prix de Rome, ils sont quasiment tous tombés dans l’oubli, faute de documentation sur leur œuvre.
La découverte dans une collection privée de quelque 1500 plaques de verre et d’un fonds d’atelier soigneusement conservé permet de reconstituer l’œuvre sculpté souvent grandement endommagé par les deux guerres mondiales des frères Theunissen.
Le catalogue raisonné qui a pu être dressé permet également d’étudier, à l’appui de nombreuses photographies un atelier de sculpture monumentale parisien actif entre 1885 et 1931.
- 3 juin 2015
Thierry Laugée
A Associação dos Architectos Civis Portuguezes (1864-1867). L’éducation artistique pour un style national portugais
En 1863, une société se mit en place à Lisbonne, l’Associaçao dos Architectos Civis Portuguezes, qui prit d’autant plus d’importance à la suite de l’échec des architectes et statuaires portugais lors du concours international pour le monument à Dom Pedro IV, placé dans le quartier du Rosso de Lisbonne. Un projet français, celui d’Élias Robert et Gabriel Davioud, avait été sélectionné pour rendre hommage à un roi portugais, résultat particulièrement mal vécu par les artistes lisboètes. Alors qu’il fallait déjà se préparer pour l’Exposition universelle de 1867, cette société publia sa propre revue, fonda son propre musée d’archéologie, organisa des expositions et fit paraître de 1865 à 1867 de nombreux articles théoriques visant à former les artistes au monumental mais surtout à consolider l’idée d’une identité portugaise dans l’architecture et la sculpture civiles. Ainsi, par l’analyse des actions de cette société, il s’agira de comprendre combien la mise en compétition des artistes internationaux provoqua un orgueil salutaire pour les arts au Portugal et explique les bouleversements immédiats de la statuaire publique à Lisbonne.
Sauf mention contraire, les intervenants sont membres du Centre André Chastel.
ARCHIVES des Rencontres
- Programme 2013-2014
Programme 2012-2013 - Programme de février à mai 2012