Projet Dra-Gones - Les Dragons de Cernuschi vus en polygones
Pour fêter les 150 ans du voyage en Asie d’Henri Cernuschi s’est ouvert à la fin du printemps 2023 une grande exposition au musée éponyme. Dans ce cadre, la « balustrade aux dragons », initialement placée derrière le grand Bouddha de Meguro et décrochée en 1936, reprendra sa place. Cette balustrade en bois sculptée a fait l’objet d’une campagne de restauration et constitue un exemple exceptionnel de sculpture ornementale provenant d’un temple ou sanctuaire japonais (provenance inconnue pour le moment). Or, cette balustrade n’a pas de pareil dans les collections occidentales et de manière générale, sa facture et ses dimensions sont tout à fait remarquables. La mise en réserve et les opérations de restauration qui ont eu lieu en mars et avril 2023, ont été l’occasion de conduire une enquête historique et archéologique sur cette mystérieuse balustrade qui n’a pour le moment fait l’objet d’aucune étude.
Ce projet de recherche est un enjeu majeur pour la connaissance de ce patrimoine muséal, tant pour le Japon que pour la France, mais il propose également une approche innovante en matière d’identification de la statuaire japonaise en général par son approche pluridisciplinaire. Il s’agit en effet, à partir des archives nantaises et marseillaises notamment, de retracer le parcours de l’objet, de découvrir sa première fonction au Japon (inconnue aujourd’hui), jusqu’à son exposition et sa conservation au musée Cernuschi. Les outils et les disciplines impliqués dans ce projet de recherche sont multiples : observations matérielles (tant archéologiques qu’esthétiques), recherches en archives, études des dimensions et emboitements de nombreuses pièces, analyse des essences de bois, analyse dendrométrique, et, surtout, utilisation des outils numériques pour appuyer tant les études techniques que stylistiques, ainsi que la recherche des spécificités de manufacture permettant d’extrapoler sur la provenance.
L’outil numérique joue en effet un rôle clé dans ce projet. D’abord parce qu’il permet une analyse géométrique de la sculpture. Le patrimoine sculpté peut faire l’objet d’une étude volumétrique à l’aide de l’outil numérique (ex. technique de simplification des formes polyédriques en formes géométriques proches de l’état d’ébauche de la sculpture, première intervention du sculpteur). La simplification de ces modèles 3D permet d’accentuer les caractéristiques stylistiques essentielles de la sculpture (contour externe, proportions, formes primaires et composition) ce qui permet d’identifier une méthode de travail et de proposer une attribution (ou plutôt d’en réfuter de nombreuses). Il permet aussi de conserver une trace réutilisable numériquement pendant et après la campagne de restauration de la balustrade, mais surtout après sa réinstallation dans la collection permanente du musée, ce qui empêchera toutes nouvelles recherches de ce type. Une telle étude nécessite également des éléments de comparaison, c’est-à-dire la numérisation de sculptures dans lesquelles l’auteur est identifié. De tels exemples se trouvent au Japon, où des études de ce type ont commencé à émerger ces dernières années. Des études comparatives avec les modèles réunis par nos collègues japonais sont donc au cœur de ce projet.
Porteur du projet
Jean-Sébastien Cluzel (Professeur, Sorbonne université, Centre André-Chastel)
Équipe associée au projet
- Katia Choupik (Doctorante, dir. J.-S. Cluzel, Sorbonne université, Centre André-Chastel)
- Paul Fructus (Doctorant, co-dir. C. Plessiet & J.-S. Cluzel, Paris 8 & Sorbonne Université)
- Grégory Chaumet (Ingénieur, Sorbonne Université)
- Kubo Mitsunori (Professeur, Université de Chiba, Japon)
- Ishikawa Takeo (Conservateur honoraire du Kamogawa City Folk Museum, Préfecture de Chiba, Japon)
- Ono Takatoshi (Sculpteur, Restaurateur et Conservateur, Meguro History Museum, Préfecture de Tokyo, Japon).
Partenariats
France : Centre André-Chastel, Plateforme Plémo3D, Musée Cernuschi, Institut OPUS.
Japon : Université de Chiba, Meguro History Museum, Japanese Miyabori Society.
Valorisation du projet
- Exposition : « Retour d'Asie - Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du japonisme », du 6 octobre 2023 au 4 février 2024.
- Conférence pour les Journées européennes du patrimoine musée Cernuschi : Jean-Sébastien Cluzel, Katia Choupik, Paul Fructus. Les dragons japonais du musée Cernuschi., Sept. 2023, Paris, France.
- Interview diffusée sur YouTube : Éric Lefèvre et Jean-Sébastien Cluzel, « Retour des Dragons sculptés japonais au musée Cernsuchi ». À voir sur la rubrique Médias sur le site internet du Centre
- Conférence lors de la réunion annuelle de la Japanese Miyabori Society, mars 2024 (Tokyo).
- Article dans le Bulletin de la Japanese Miyabori Society, mars 2024 (Japon).
- Article de presse dans la revue Asahi shinbun (grand quotidien national au Japon), à paraître en 2024.
- Article dans une revue scientifique à comité de lecture, prévue fin 2024, début 2025.
Le programme « Calligraphies aux frontières du monde islamique (CallFront) » est consacré à l’étude des styles calligraphiques en caractères arabes nés dans la péninsule Ibérique, le Maghreb, l’Afrique subsaharienne, l’Anatolie, les Balkans, l’Inde, l’Asie du Sud-Est et la Chine. Dirigé par Éloïse Brac de la Perrière (INHA/Sorbonne Université) en collaboration avec Maxime Durocher (Sorbonne Université), le projet a été sélectionné par l’ANR 2022 (ANR-22-CE54-0015-02) pour une durée de trois ans (2023-2026).
Présentation
Durant les périodes médiévale et moderne, l’usage de la calligraphie en caractères arabes s’est étendu à toutes les langues transcrites en alphabet arabe et ses variantes, donnant naissance à une multitude de styles sur des supports variés. Dans les territoires éloignés du berceau historique de la civilisation islamique où ont été établies les règles de la calligraphie arabe classique, les développements de ces formes écrites se distinguent du canon et suivent leurs propres règles. Les régions concernées sont ici dénommés « frontières » du monde islamique, à la fois en raison de cette distance géographique, mais aussi parce que ce sont des zones de contact avec d’autres communautés culturelles et linguistiques.
Le projet « Calligraphies aux frontières du monde islamique (CallFront) » vise à documenter et comprendre les développements de la calligraphie en caractères arabes dans les zones correspondant à la péninsule ibérique, au Maghreb, à l'Afrique subsaharienne, à l'Anatolie, aux Balkans, à l'Inde, à l'Asie du Sud-Est et à la Chine. Le programme repose sur une collaboration avec une équipe portée par Maxime Durocher (Sorbonne Université), coordinateur du volet numérique de CallFront.
Sélectionné par l’ANR AAPG 2022 PRC, le programme Callfront est également soutenu par l’Observatoire des Patrimoines de l’Alliance Sorbonne Université (OPUS), le Barakat Trust et la fondation Max van Berchem et l’UMR 8167 Orient et Méditerranée.
Pour documenter et comprendre la fabrication et l’usage de la calligraphie en caractères arabes dans l’ensemble de ces régions, sur un temps long, CallFront vise à construire un corpus numérique pouvant être partagé par l’ensemble des chercheurs travaillant sur les problématiques liées aux écritures dans les régions couvertes par le projet. En rassemblant un consortium international de spécialistes dont les travaux ont porté sur ces écritures et une équipe de calligraphes professionnels, une étude de la praxis est menée sur la base de ce matériel commun.
Le projet CallFront s’articule autour de trois axes de recherche :
Rassembler et décrire des corpus isolés
Il s’agit de rassembler au sein d’un corpus numérique un ensemble de calligraphies qui ont jusqu’à présent été étudiées isolément, afin de pouvoir les comparer et établir des liens quand cela s’avère possible. Ce corpus numérique repose sur des protocoles de description partagés, adaptés à une grande variété de styles calligraphiques.
Documenter les calligraphies des frontières
Pour pallier la rareté des informations dans la littérature sur la calligraphie, cette partie du projet vise à collecter deux types de documents : les sources conventionnelles mentionnant, directement ou indirectement, l’existence de calligraphies non canoniques (biographies, hagiographies, chroniques historiques), ainsi que les sources moins connues circulant dans les cercles de calligraphes (manuels, modèles de professeurs et corrections).
Étudier les pratiques calligraphiques
Les procédés d’apprentissage et de transmission qui ont prévalu dans les processus de création ne sont pas connus. En l’absence de documentation à ce sujet, il est indispensable de recourir à de nouvelles méthodes d’analyse. Inspiré par une méthodologie développée dans d’autres champs disciplinaires de l’histoire de l’art, CallFront repose sur une collaboration étroite entre chercheurs et calligraphes professionnels.
Équipe
Coordinateurs
- Éloïse Brac de la Perrière, conseillère scientifique à l’INHA et professeure à Sorbonne Université, coordinatrice générale de l’ANR.
- Maxime Durocher, maître de conférences à Sorbonne Université, coordinateur de la stratégie numérique, responsable scientifique pour Sorbonne Université.
Membres de l’équipe
- Monique Buresi (musée du Louvre), coordinatrice de l’axe « Documentation »
- Nuria Garcia-Masip (Sorbonne Université-OPUS), coordinatrice de l’axe « Praxis »
- Adeline Laclau, post-doctorante
- Sarah Lakhal-Kermani (Sorbonne Université), co-responsable du corpus numérique, responsable de la communication du projet ANR
- Vincent Thérouin (Sorbonne Université), co-responsable du corpus numérique
- Chiara Tedesco, monitrice étudiante
- Camille Grandpierre, stagiaire (2024)
- Dorine Aguenier, stagiaire (2023)
- Johanna Cozzolino, stagiaire (2023)
- Mohammed I. Mechentel, stagiaire (2023)
- Mathilde Morel, stagiaire (2023)
- Reda Tamtam, stagiaire (2023)
- Albina Tourmakine, stagiaire (2022)
Membres du comité scientifique
- Éloïse Brac de la Perrière (INHA/Sorbonne Université)
- Khalid Chakor Alami (Bibliothèque nationale de France)
- François Déroche (Collège de France)
- Maxime Durocher (Sorbonne Université)
- Michael Feener (Université de Kyoto)
- Alain F. George (Université d’Oxford)
- Nathalie Ginoux (Sorbonne Université – OPUS)
- Scott Redford (School of Oriental and African Studies (SOAS)/ Université de Londres)
Membres du consortium : https://callfront.hypotheses.org/m
Parallèlement à la construction du corpus numérique, le programme propose des séminaires, conférences et ateliers (voir « Programmation »). Les avancées du projet CallFront sont régulièrement publiées sur le carnet Hypothèses
Programmation
Fouilles du site archéologique de Mesvres.
Responsable scientifique : Sylvie Balcon-Berry, maître de conférences à l'université Paris-Sorbonne.
Période : d'août 2016 à 2019