Geoffrey MEYER-FERNANDEZ
Cohabiter avec l’autre à Chypre sous les Lusignan (1191-1474) : l'apport de la peinture
Gouverné par la dynastie franque des Lusignan et peuplé de Grecs, de Latins et de chrétiens orientaux, le royaume de Chypre (1192-1474/1489) s’est implanté dans une ancienne province byzantine à l’époque des croisades, avant de devenir le dernier État latin du Levant, puis une colonie de l’empire colonial vénitien au début de l’époque moderne. Le caractère cosmopolite de sa société et la richesse de sa production culturelle contribuent à en faire un cas d’étude privilégié pour appréhender la question de l’altérité dans l’art. Cette communication propose de voir comment la commande picturale a permis à des groupes d’origines, de langues et de confessions différentes vivant en constante interaction d’exprimer leurs particularismes culturels. Nous verrons aussi que certaines images trahissent une volonté de se rapprocher de l’autre. Enfin, nous soulignerons que le caractère multiculturel du royaume des Lusignan fut à l’origine de la création d’images qui questionnent notre manière de différencier les individus par leur identité religieuse.
Elisabeth YOTA
Le tétraévangile Paris gr. 64 : le reflet de l’autre dans les marges d’un manuscrit byzantin
La figure animalière a toujours suscité à l’homme la fascination et l’effroi. Son iconographie varie au fil des siècles, mais elle doit son omniprésence à l’importance qu’acquiert la fonction et la symbolique de l’animal à chaque époque et à chaque société. L’avancée importante de l’étude des sources, nous a apporté des éléments de compréhension non seulement éthologiques et physiologiques sur les animaux mais aussi sur les moyens de voyage, de captivité et reproduction sans oublier leur symbolique en lien avec le pouvoir impérial et religieux.
En prenant appui en premier lieu sur le décor exceptionnel des Tables de Canons du tétraévangile Paris gr. 64 de la BnF, nous allons nous pencher davantage sur la représentation des animaux exotiques dans l’art byzantin pour mettre en lumière l’intégration de l’image animalière dans l’iconographie profane et sacrée dans le but de reproduire visuellement les animaux qui devaient peupler les ménageries et les parcs impériaux à Byzance en présentant une prédilection pour les animaux féroces et puissants (lions, léopards, panthères, éléphants, etc.), symboles d’une part de la force du pouvoir impérial et d’autre part de l’image christique et de l’affrontement entre le bien et le mal.