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L’art de la bohème : l’art des Buveurs d’eau (1835-1855)

Thèse

Résumé

La thèse d'Itaï Kovacs propose la première monographie sur la société des Buveurs d’eau. Cette association artistique de secours mutuels rassembla dans le Paris des années 1840 onze peintres, sculpteurs et écrivains débutants qui, pour la plupart, allaient entrer dans l’histoire non pas grâce à leurs œuvres, mais parce qu’ils allaient devenir les exemples d’un type de créateur : l’artiste ou l’écrivain bohème. Ce fut leur sort à cause d’un livre que l’un d’eux publia en 1851, et ce fut à leur grand dam et au dam de l’histoire. Les Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger fondent depuis plus d’un siècle et demi l’idée que l’on se fait de la première bohème parisienne. Elles doivent leur popularité originale à leur adaptation au théâtre de boulevard en 1849 et leur popularité durable à leur adaptation à l’opéra en 1896, dans La Bohème de Puccini. Elles doivent leur place dans les travaux universitaires aux qualités de document et de tableau de mœurs qu’on leur attribue depuis leur parution. Ce sont d’abord ces qualités du livre de Murger, largement admises sans être historiquement vérifiées, et souvent amplifiées depuis trente ans par l’histoire des représentations et par la sociologie, qui rendent les Buveurs d’eau aussi illustres qu’inconnus. C’est également l’obscurité des œuvres de ces hommes, majoritairement artistes, qui éloigne les chercheurs – et en premier lieu les historiens de l’art – de l’histoire de cette société. Or, il est possible de faire cette histoire, à l’aide des outils de l’histoire de l’art d’abord et de l’histoire littéraire ensuite. Ses fondements sont jetés ici et ils répondent à une question trop rarement posée : quel est l’art de la bohème ?

Bohemian art : the Water Drinkers’ art (1835-1855).
This thesis is the first monograph on the artistic brotherhood of the Water Drinkers, a mutual aid association that united eleven young painters, sculptors and writers in 1840's Paris. Most of these men were to enter history not thanks to their art but because they were to exemplify the bohemian artist or writer. That was due to a book published by one of the group members in 1851—to the disservice of the Water Drinkers and history alike. For more than a century and a half, Henri Murger’s La Vie de Bohème has been the basis of our notion of bohemian Paris. This book owes its initial fame to its theatrical adaptation in 1849 and its lasting fame to its operatic adaptation in 1896, in Puccini’s La Bohème. It owes its place in academic research to its reputation as a historical document and a novel of manners. It is first and foremost this reputation—widely accepted though historically unverified, and frequently enhanced by cultural historians and sociologists over the past three decades—that is responsible for the Water Drinkers being unknown as artists, and famous as bohemians. It is additionally the obscurity of the works of the group members, chiefly visual artists, that is responsible for scholars and especially art historians not studying their history. Yet their history can be studied, by means of art history first and literary history second. This thesis lays the foundation for this study and answers a question too seldom asked : what is bohemian art ?

 

Jury de soutenance :

  • M. Gamboni (Genève)
  • Mme Hannoosh (Michigan)
  • M. Jobert (Sorbonne Université)
  • M. Léribault (Musée du Petit Palais)
  • M. Zerner (Harvard)