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Du corps à l'image : le rôle du médium dans l’Actionnisme viennois

Thèse

Résumé

  • Dans la perspective de dépasser l'Art Informel et de vaincre l'Expressionnisme Abstrait, les Actionnistes viennois Günter Brus, Otto Muehl, Hermann Nitsch et Rudolf Schwarzkogler ont placé la réalité au cœur de leurs préoccupations. Le corps - médium du réel - est le matériau le plus important de leurs actions, car il illustre le plus clairement cette matérialisation. Cette dernière est activée au moment même de l'action, exerçant une influence sur la conscience du public. Ce nouveau procédé de création, où l'artiste ne produit plus d'objet, est à l'origine d'un vide pictural. Pour qu'il reste malgré tout une trace de leurs actions, les artistes eurent recours à des enregistrements photographiques et filmiques. Ce recours pose question : comment un enregistrement peut-il traduire l'authenticité de l'expérience, puisque ici, une réalité n'est pas représentée, mais l'autoprésentation de l'artiste est elle-même une « réalité directe » ? Se pencher sur l'Actionnisme Viennois, c'est se confronter à une problématique essentielle, celle de la place du médium dans l'art contemporain. Ce médium est à la fois matériau, un moyen permettant la réalisation d'un but. Il est aussi les médias, une mémoire, un outil restituant des informations. L'Actionnisme Viennois eut recours à ces deux types de médiums. Dans le premier cas, le médium est utilisé comme garant de l'authenticité d'une expérience par nature éphémère. Dans le second, il garantit l'accession de l'œuvre à l'éternité. L'usage contradictoire de ces types de matériaux fait de l'Actionnisme Viennois l'un des mouvements les plus paradoxaux de l'Histoire de l'Art contemporain, donc l'un des plus riches.

From action to image: the role of the medium in Viennes Actionism

  • With the aim of going beyond Informal Art and of defeating Abstract Expressionism, the Viennese Actionists Günter Brus, Otto Muehl, Hermann Nitsch and Rudolf Schwarzkogler placed reality at the core of their concerns. In this context, the body - medium of the real - is the most important material for actions as it illustrates this materialization most clearly. This materialization is activated at the precise moment of the action, exercising influence on the public conscience. This new creative procedure, where the artist no longer produces an object, is the originator of a pictorial void. In order for a trace of their actions to remain despite this, the artists resorted to producing photographic and filmic recordings. This recourse poses some questions : how can a recording translate the authenticity of the experience, since here, a reality is not represented, but the self-presentation of the artist is itself a “live-reality” ? Concentrating on Viennese Actionism is to be confronted with an essential problem, that of the place of the medium in contemporary art. This medium is both material, a means allowing the achievement of a goal. It is also the media, a memory, a tool restituting information. Viennese Actionism had recourse to these two types of medium. In the first case, the medium is used as a guarantee of the authenticity of an experience which is by its nature ephemeral. In the second, it guarantees the work's access to eternity. The contradictory use of these types of materials makes Viennese Actionism one of the most paradoxical movements in contemporary History of Art, therefore one of the richest.

Jury