Communication dans un congrès
- avec actes
2023
Enzo Menuge. Reine Geneviève Joran : fille, épouse et mère d’artistes. Intermédiaires ? Les femmes dans les sphères artistiques, entre actions et contraintes (XVIIe-XVIIIe siècles), Natacha Aprile; Maxime Bray; Défendin Détard, Jun 2023, Paris Institut national d’histoire de l’art (INHA), France. ⟨hal-04704033⟩
Malgré les recherches d’Isabelle Julia dans les années 1970, Pierre-Jacques Cazes (1676-1754) est resté comme nombre de peintres de sa génération, un artiste méconnu, en dépit d’une carrière prolifique couronnée par un parcours exemplaire au sein de l’Académie. Récemment la présence d’œuvre de Cazes dans des catalogues d’expositions consacrées au XVIIIe siècle ainsi que plusieurs articles et recherches ont contribué à faire progresser les connaissances sur la vie privée de l’artiste. Si depuis la biographie du peintre rédigée par Dezallier d’Argenville en 1762, les historiens connaissaient la date de son mariage en 1704, l’identité de son épouse était ignorée. Il fallut attendre la publication en 2013 par Frédérique Lanoë de la référence de son acte de mariage dans le catalogue de l’exposition consacrée au Salon de 1704 pour connaitre son nom : Reine Geneviève Joran. Figure discrète dans la vie du peintre, elle semble pourtant avoir joué un rôle crucial dans sa carrière. Fille d’un certain Michel Joran, graveur et dessinateur actif à la fin du XVIIe siècle, Reine Geneviève Joran apporta à son époux un statut social supérieur et une stabilité financière propice à l’évolution de sa carrière. La découverte de l’inventaire après décès de cette dernière, jusqu’alors inédit, dressé le 5 août 1739 a en effet permis de découvrir qu’elle apporta une dote importante, dont la somme fut en partie donnée par son parrain, le célèbre Thierry Bignon, premier président du Grand Conseil. Cette union avantageuse permit à Cazes de bénéficier de nouvelles perspectives socioprofessionnelles à Paris et de lancer sa carrière de peintre d’histoire en établissant dès 1705 son atelier dans un logement rue neuve Saint Eustache. Ce document permet également de découvrir les conditions matérielles dans lesquelles elle vécut mais aussi d’entre apercevoir la place qu’elle tint au sein de sa famille. Fille et épouse d’artistes, Reine-Geneviève Joran fut également la mère de deux peintres de l’Académie de Saint-Luc : Pierre-Michel et Jacques-Nicolas. En se basant sur des documents d’archive inédits, la communication se propose dans une approche marquée par l’histoire sociale, de brosser le portrait d’une « femme d’artiste » dans la première moitié du XVIIIe siècle. Dans une démarche comparative, la communication a pour objectif de définir son rôle au sein de la sphère familiale – plus actif qui n’y paraît au premier abord – et de dessiner son réseau socio-professionnel mais également de saisir sa personnalité.