
Séminaire annuel de janvier à décembre 2024
À l’occasion des 20 ans du Centre André-Chastel, nous organisons un séminaire sur le thème de « l’altérité dans l’art ».
Le mot « altérité », du latin alter, désigne l’état d’être autre ou différent. On peut considérer l’expérience de l’altérité comme une source d’inspiration constante dans la création artistique. Que ce soit dans la pratique, la perspective ou le positionnement critique, l’exploration de l’altérité à travers l’art permet de comprendre comment les artistes utilisent leur créativité pour souligner un rapport à autrui, voire à eux-mêmes. Ainsi les emprunts, la curiosité, l’appropriation ou encore les questionnements identitaires permettent-ils d’insister sur les enjeux sociaux et culturels propres à chaque époque. Enfin, l’artiste lui-même a souvent occupé la position de figure de l’altérité pour la société.
Le concept d’altérité s'étudie dans un spectre très large englobant plusieurs sciences comme la philosophie, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie ou encore la politique. Les différentes manières de comprendre l'altérité à travers ces domaines influent sur son utilisation dans l'histoire de l'art. En tant que pendant de la notion d’identité, l’altérité permet d’explorer comment les musées, les expositions et les écrits de l’histoire de l’art mobilisent la représentation de l’autre. Depuis les années 1970, notamment à la suite des travaux de Linda Nochlin et d’Edward Said, elle a engendré de nombreuses formes de critiques et de réflexions. Enfin, cette notion nous invite aussi à une certaine réflexivité par rapport à notre démarche d’historien ou d’historienne de l’art qui est elle-même constamment en prise avec l’altérité fondamentale du passé (David Lowenthal).
Le Centre André-Chastel étant un laboratoire dont les membres, historiens de l'art ou archéologues, déploient leurs recherches sur un champ chronologique qui s'étend de l’époque médiévale à la période contemporaine, nous avons délibérément choisi une définition de l’altérité dans un périmètre sémantique et chronologique large de façon à solliciter des orateurs/oratrices d’horizons différents et d’approches variées. Il s’agit d’aborder le thème de l’altérité dans une perspective transversale, diachronique et interdisciplinaire, soulignant ainsi la richesse et la diversité de ce sujet.
Comité d’organisation : Élisabeth Yota et Felicity Bodenstein
Dates : mardi 30 janvier ; lundi 26 février ; mardi 12 mars ; mardi 23 avril ; mardi 14 mai ; mardi 18 juin de 14h à 16h, en salle Vasari
Mardi 30 janvier
- Claire Boisseau, Fortunes iconographiques du supplice de la roue entre Orient et Occident.
- Élodie Guilhem, Les saints orientaux accostent en Vénétie.
Lundi 26 février
- Nancy Ba, « La barbarie des couleurs » comme marqueur de l’altérité dans la représentation sculptée de l’Africain durant la seconde moitié du XIXe siècle.
- Laure Fordin, Rendre l’autre familier et se rendre étranger à soi, trois exemples d’expositions à la lisière de l’art et de l’anthropologie.
Mardi 12 mars
- Thierry Laugée, Psychologie et biographie animale dans les premiers films documentaires animaliers.
- Arnaud Maillet, Le dessin animé surréaliste ou l’art de décaler le regard. Dépaysement et expériences surréalistes versus Walt Disney en matière d’animation.
Mardi 23 avril
- Arnauld Pierre et Alessandro Gallicchio, Imaginaires de l’altérité autour de l’art juif : le Juif errant.
Mardi 14 mai
- Angélique Saadoun, Edward William Godwin et le style anglo-japonais
- Thibaud Dapremont, Pratiques artistiques et professions parallèles. La double identité des artistes amateurs en France au XIXe siècle.
Mardi 18 juin
- Antonella Fenech, “A walk on the wild side”. Sauvages du Nouveau Monde et des ensauvagés de l’Ancien.
- Stéphane Toussaint, L’altérité florentine : de l’obscène à l’idéal d’un art pré-gay ?