
Projet lauréat d’un financement Émergence Sorbonne Université
Porteuse : Nastasia Gallian
En partenariat avec le département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France
Le projet ESTAFEM se propose d’analyser l’implication des femmes dans les métiers de l’édition et du commerce de l’image imprimée à Paris entre 1550 et 1790. De libre exercice, mobilisant un medium moins investi symboliquement que d’autres arts, les professions liées à la gravure ont en effet constitué de manière précoce des interstices dans lesquels de nombreuses épouses, filles, sœurs ou veuves se sont insérées, soit en collaboration avec des hommes de leur entourage, soit en tant que cheffes d’atelier et de boutique à part entière. Leur apport est particulièrement sensible à Paris, l’une des capitales européennes de l’estampe, où les femmes ont su bénéficier de l’essor du commerce de la gravure en gros et au détail afin de se ménager une place et un nom.
Une première étape du projet consistera à recenser ces professionnelles parisiennes en s’appuyant sur un riche corpus de sources manuscrites (inventaires après décès, contrats divers, registres de commerce, correspondances, registres de privilèges, etc.), imprimées (presse, littérature prescriptive contemporaine, etc.) et iconographiques (avec notamment une étude des adresses portées sur les estampes). Il s’agira ensuite d’analyser comment, malgré les limitations juridiques et sociales liées à leur statut, ces femmes sont parvenues à prendre des responsabilités en matière de comptabilité, d’intendance, d’investissement, de gestion du personnel, de direction artistique et de façonnage d’une offre commerciale. On s’arrêtera tout particulièrement sur les stratégies déployées par certaines d’entre elles dans le but de gagner suffisamment de visibilité et d’autonomie pour diriger des ateliers et des boutiques en leur nom propre, autrement dit pour être pleinement actrices de ce segment du marché de l’art.
Les résultats de ces deux années de recherche seront publiés sous la forme d’un dictionnaire numérique en open access incluant des notices biographiques fouillées, la liste des sources utiles, la transcription des sources essentielles et un catalogue des œuvres publiées par ces éditrices-marchandes. Ces données viendront nourrir différentes bases de données utiles aux chercheurs et au grand public, notamment data.bnf.fr (où elles seront liées aux œuvres conservées dans les fonds de la BnF) et isni.org (International Standard Name Identifier). Un colloque international sera organisé en clôture du projet.