Journée d'études organisée par
Antonella Fenech
Jérémie Koering
et Michel Weemans
PROGRAMME
- 9h30 Accueil par Peter Geimer, directeur du DFK Paris
- Introduction
Antonella Fenech (CNRS/Centre André-Chastel)
Jérémie Koering (Université de Fribourg)
Michel Weemans (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Session 1 Modération Valérie Boudier (Université de Lille)
- 10h Lieu du songeur, paysage du rêve : un premier déploiement de l’image onirique dans la peinture du Tre-Quattrocento
Anne-Laure Imbert (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) - 10h30 Rêves en chaussons
Guillaume Cassegrain (Université Grenoble-Alpes) - 11h Fragments de songe
Jérémie Koering (Université de Fribourg) - 11h30 - 12h15 Discussion
Session 2 Modération Philippe Morel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
- 14h30 Les rêves de Joseph par Bronzino : de Freud à Rachi
Sefy Hendler (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) - 15h Rêve’olutionnaire : Bosch et le songe satirique
David Zagoury (Université de Fribourg) - 15h30 L’entre songe et vision
Ralph Dekoninck (UC Louvain) - 16h - 16h30 Discussion
- 16h30 - 17h Pause café
Session 3 Table Ronde
- 17h - 19h Discussion autour de La fabrique du rêve. Songe et représentation au seuil de la modernité (Hazan, 2024)
Victor I. Stoichita (Université de Fribourg), Ralph Dekoninck, Antonella Fenech, Jérémie Koering, Michel Weemans
Victor I. STOICHITA, La fabrique du rêve. Songe et représentation au seuil de la modernité
Paris, Hazan, novembre 2024
Ce livre interroge le rêve, grande machine de l’imaginaire humain, par le biais de sa représentation picturale. « Peindre le rêve » implique « entrer » dans le rêve du rêveur, rendre visible ce qui est occulté, dévoiler ce qui est larvé. Le rêve suppose de multiples stratégies de chiffrage, lesquelles suscitent depuis longtemps maintes techniques de déchiffrage. Si les songeurs provoquent les onirologues, les peintres, à leur tour, mettent au défi les interprètes. Le livre s’arrête sur une plaie béante, qui prend parfois l’aspect d’une cicatrice, en l’occurrence sur la fêlure-suture où l’art défie le songe et le songe rencontre l’art. La matière première du livre est composée par la production picturale à l’aube des Temps modernes, secondée par la « science » de la discrimination des songes, mise au point dans l’Antiquité et ressuscitée à la Renaissance. Au IVe siècle apr. J.-C., le philosophe Macrobe avait en effet dressé une typologie des songes où il distinguait le songe énigmatique (somnium) qui « signifie » et « présage » sous un voile d’obscurité ; la vision (visio) qui dévoile l’avenir ; l’oracle (oraculum) qui manifeste une révélation d’origine divine ; les songes diaboliques et tentateurs (insomnia) engendrés par les soucis du jour ; et enfin les apparitions effroyables (visa). Jusqu’à quel point la représentation picturale des rêves se plie-t-elle à ces codifications ? Si les récits de rêves abondent au Moyen Âge, la Renaissance et l’Âge classique assisteront à l’éclosion d’un imaginaire peint, paradoxal à plusieurs égards. Quelle est la place de l’illusion onirique à l’époque de l’invention de la perspective ? Quels sont les défis impliqués par la représentation des états modifiés de conscience au temps de la découverte du cogito ? Comment se définit le statut du songe-signe dans le champ pictural ? Les artistes les plus importants, de Raphaël et Michel-Ange à Vermeer, de Giotto et Dürer à Bosch et Schongauer se sont arrêtés sur ces questions, en y apportant leurs réponses et leurs doutes. D’autres, moins célèbres, s’y sont attardés à leur tour, défiant par leur démarche les idées reçues de l’oniromancie classique tout autant que les capacités interprétatives du spectateur. Par cette réflexion critique au croisement de l’interprétation des rêves et de l’analyse des images, Victor I. Stoichita aborde un problème herméneutique fondamental : comment approcher l’indistinct, le flou, l’imprécis, l’obscur, le vague ?