Aller au contenu principal Aller au menu Aller à la recherche

AddToAny share buttons

Face au corps

Messrs. Stearn, Portrait de Samuel White, modèle pour l’Athlète américain d’Auguste Rodin (détail), 1900-1901, épreuve sur papier albuminé, 9 x 6 cm, Paris, musée Rodin, Ph.01315 © musée Rodin
Journée d'études
Le Vendredi 18 octobre 2024 de 09h00 à 18h00
Musée Rodin, auditorium Léonce-Bénédite, 21 boulevard des Invalides, 75007 Paris
Entrée libre, sans réservation, dans la limite des places disponibles
Ouverture de l’auditorium 15 minutes avant le début de la manifestation
Retransmission en ligne, en direct

Sous la direction de Catherine Méneux, maîtresse de conférences HDR en histoire de l'art du XIXe siècle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Pour « interpréter tous les aspects de la chair, il faut s’être entraîné patiemment à épeler et à lire les pages de ce beau livre », déclarait Auguste Rodin en 1911 dans ses Entretiens avec Paul Gsell. Un « beau livre » spécifique pour les sculpteurs, puisque ceux-ci étaient plus dépendants des exemples antiques et qu’à l’âge du réalisme et de la photographie, une trop grande proximité avec le modèle vivant ou l’adjonction d’une polychromie étaient susceptibles d’entacher leurs œuvres d’un illusionnisme ou d’un caractère décoratif disqualifiants.

En sculpture, s’il est omniprésent, le corps a donc posé des questions particulières qui ont été peu traitées : alors qu’il a fait l’objet de nombreux travaux en histoire, en anthropologie ou encore en sociologie, sa place centrale a paradoxalement été peu étudiée en tant que telle, en histoire de l’art. Qu’il soit appréhendé dans une optique moniste ou dualiste, le corps a pourtant porté la quête d’expressivité et de dramaturgie gestuelle de maints artistes, leur aspiration à un idéal et leur soumission à des canons, leur volonté de susciter le désir et de s’adapter à l’horizon d’attente des spectateurs. Des spectateurs dont les regards ont été déterminés par les convenances, les modèles perceptifs et les rapports de pouvoir. Certains artistes ont également soumis les corps à la déformation et à l’exagération pour esquisser des charges contestant les canons et les grands hommes ; d’autres les ont stylisés pour se conformer à la beauté de leur époque.

Au XIXe siècle, leurs approches ont fortement évolué sous la pression des découvertes scientifiques et de nouvelles taxinomies, des politiques sociales et d’une culture visuelle notamment orientée vers la capture imagée du mouvement, parallèlement à une reconfiguration des identités genrées. Plus que les autres, les sculpteurs ont donné forme à la précarité de la chair et à son éventuelle évanescence, à la volonté de la sauver de l’oubli ou, au contraire, d’incorporer sa puissance vitaliste ; ils ont figuré la singularité de chaque corps, au temps des sciences anthropométriques et de leur classification hiérarchique. Ils ont aussi travaillé avec ses fragments pour les réassembler dans des compositions inédites ou des œuvres décoratives, se confrontant alors à la question de la figure dans l’ornementation. Tels sont les quelques axes qui seront traités lors de cette journée d’études qui accueillera divers points de vue sur la fabrique des corps du milieu du XIXe siècle à l’entre-deux-guerres.

Comité scientifique et coordination

  • Amélie Simier, conservatrice générale du patrimoine, directrice du musée Rodin
  • Catherine Méneux, maîtresse de conférences HDR en histoire de l’art du XIXe siècle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Véronique Mattiussi, cheffe du service de la Recherche au musée Rodin
  • Franck Joubin, documentaliste, chargé des colloques au musée Rodin

PROGRAMME

 

  • 9h Mot d’accueil
    Amélie Simier, conservatrice générale du patrimoine, directrice du musée Rodin
  • 9h15 Introduction
    Catherine Méneux, maîtresse de conférences HDR en histoire de l'art du XIXe siècle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • 9h30 « Une étreinte mystérieuse » de l’âme et du corps : Burne-Jones, Moreau et Rodin face aux Esclaves de Michel-Ange
    Sébastien Mullier, enseignant agrégé de Lettres modernes, Lycée Auguste Blanqui
  • 10h Absences/présences. Formes en devenir du corps à l’époque symboliste
    Adriana Sotropa, maîtresse de conférences en histoire de l’art contemporain, Université Bordeaux Montaigne
  • 10h30 Discussion et pause
  • 11h Utopie régénératrice. Le corps sculpté à l’épreuve des derniers avatars du symbolisme : Adolfo Wildt (1868-1931), Gustav Vigeland (1869-1943), Henrick Christian Andersen (1872-1940)
    Claire Barbillon, professeure des universités, directrice de l’École du Louvre
  • 11h30 Sculptures de chair. Le modelage des corps dans les salles d’Edmond Desbonnet
  • Thierry Laugée, professeur d’histoire de l’art contemporain, Nantes Université
  • 12h Discussion et pause
  • 14h30 Figuristes ou ornemanistes : le défi de la Petite École au milieu du XIXe siècle
  • Maxime Paz, docteur en histoire de l’art
  • 15h La rhétorique du corps blessé : les représentations du mutilé dans la sculpture de l'époque fasciste
    Sara Vitacca, maîtresse de conférences en histoire de l’art contemporain, Université de Franche-Comté
  • 15h30 Discussion et pause
  • 16h Donnée scientifique ou procédé d’esthétisation des corps sculptés   La couleur dans les Races of Mankind de Malvina Hoffman (1931-1933)
    Nancy Ba, doctorante contractuelle en histoire de l’art, Sorbonne Université
  • 17h Discussion
  • 17h30 Visite de l’exposition « Corps In·visibles. Une enquête autour de la Robe de chambre du Balzac »
    Isabelle Collet, conservatrice générale, cheffe du département scientifique et des collections au musée Rodin, co-commissaire de l’exposition
Accéder au site du musée Rodin