
Première journée d'étude du Réseau de recherche RHAM
La première journée d’étude du RHAM (le Réseau de recherche sur l’histoire de l’architecture au Maroc aux XXe-XXIe siècles, https://rham.hypotheses.org/) marque le lancement de ce nouveau réseau scientifique. Le RHAM a pour objectif d'être à la fois une plateforme d'échange, de partage d’informations, de publications, d’actualités, et une structure permettant d'organiser des activités de recherche tels que des séminaires et des ateliers doctoraux. Sa création vise à mettre en avant les nouvelles orientations de la recherche en histoire de l'architecture et de l'aménagement du territoire au Maroc aux XXe-XXIe siècles.
Les membres du RHAM (https://rham.hypotheses.org/membres) sont des chercheurs et chercheuses qui ont récemment achevé ou entrepris des projets de thèse liés au domaine de l'histoire de l'architecture et/ou de l'aménagement du territoire au Maroc. Le réseau compte actuellement une vingtaine de membres issus de différentes universités au Maroc et à l'international (Belgique, Suisse, Italie, France, États-Unis, Angleterre).
Une histoire de l’architecture de “l’après-indépendance”
Cette journée d'étude se concentre sur une période spécifique de l'histoire du Maroc
produite sur la période coloniale, suscite désormais un intérêt croissant qui se reflète notamment parmi les recherches de plusieurs membres du RHAM tels que Lahbib El
L'indépendance du Maroc, tout comme dans de nombreux pays anciennement colonisés, n'a pas entraîné une rupture nette. La structure générale de l'organisation institutionnelle héritée de la période du Protectorat a largement perduré après 1956. Malgré le départ de nombreux cadres français, une large part des postes à responsabilité est restée occupée, directement ou indirectement, par du personnel étranger après l'indépendance. De même, comme l'ont déjà analysé plusieurs membres du RHAM (Williford, 2020; Tenzon, 2023; Clark et Fisher, à paraître), les instruments d'aménagement du territoire mis en œuvre pendant ladite période Écochard (1947-1953) ont perduré bien après 1956. Un exemple tout aussi emblématique de cette continuité est la présence et l'influence persistantes après l'indépendance, de certains architectes déjà actifs pendant la période du Protectorat, tels que le célèbre groupe GAMMA (Cohen et Eleb, 1998; Chaouni, 2006).
Malgré les effets résiduels et persistants du colonialisme, la situation d’après-indépendance reste singulière et voit apparaître de nouveaux acteurs, de nouvelles aspirations, une complexification des relations avec ‘la métropole’, et l’essor de nouveaux partenariats bilatéraux. Tout cela se déroule dans le contexte des tensions de géopolitiques internationales et des enjeux liées à la Guerre froide sur le territoire marocain, mais également dans une période connue comme “l’ère du développement” au coeur des débats historiographiques contemporains en architecture (par exemple: Aggregate, 2022
Ceci n’est pas sans rappeler le concept “d’histoire globale”, introduit notamment par les travaux d’Anthony King dans le champ de l’architecture. Cette approche historiographique, encore en grande partie ‘insaisissable’ et qui continue à faire débat (Zandi-Sayek, 2014
Cette approche permet en outre au niveau méthodologique de renverser une historiographie encore trop souvent apologétique des ‘grands hommes’, des ‘architectes aventuriers’, pour se concentrer sur l’analyse des réseaux d’acteurs divers et parfois ‘off-radar’ (institutions internationales, experts voyageurs, ingénieurs locaux, etc.), des transferts (de technologies, modèles, instruments, etc.) et des ‘zones de contact’ (expositions internationales, lieux de formation, etc.) mais également et surtout de considérer la place et l’agentivité de la pluralité des acteurs du Sud planétaire, en ne les représentant plus comme des récepteurs passifs mais comme des participants à part entière de ces réseaux.
Reste à savoir comment cette ‘perspective globale’, suivant laquelle l’objet d’étude s’inscrit au croisement de multiples et diverses circulations et trajectoires transnationales, peut participer à éclairer des aspects encore inconnus de l’histoire de l’architecture de l’après-indépendance au Maroc. Quels peuvent être les apports d’un regard ‘global’ sur l’architecture postcoloniale / de l’après-indépendance au Maroc
Axe n°1 : Trajectoires des acteurs
À travers ce premier axe, nous cherchons à retracer les trajectoires internationales de différents types d’acteur ayant marqué l'histoire de l'architecture, du paysage, de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire au Maroc entre 1956 et 1986
Axe n°2 : Circulations des savoirs et des techniques
Ce deuxième axe propose d’aborder cette période de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme au Maroc par l’angle matériel et constructif. Il s’inscrit dans un intérêt récent de la discipline pour la question de la matérialité, et son rapport avec les formes architecturales et urbaines (Williford, 2020; Rouizem, 2022). La circulation de ces savoirs révèle une “adaptation sélective” ou une hybridation des modèles et des savoirs (Avermaete et Casciato, 2014). Ainsi, l’analyse historique des techniques constructives, des matériaux et des savoirs qui y sont liés, permet d’identifier des circulations, des transferts, des réappropriations de technologies. Dans le contexte marocain, cette approche pourrait participer à éclairer plusieurs décennies d’expérimentations de matériaux et de dispositifs architecturaux. Quels sont les savoirs et les techniques qui ont circulé, et comment ont-ils été adaptés et réappropriés
Les propositions de communication en français ou anglais (un résumé de 300 mots, une bibliographie courte et une biographie de 100 mots maximum) devront être envoyées au plus tard le 30 septembre 2023, à l’adresse suivante

Les propositions seront évaluées par le comité scientifique et le comité d’organisation (voir composition ci-après). En cas d’acceptation, la communication finale (de maximum 3.500 mots) devra être envoyée par l’auteur pour le 15 janvier 2024.
La journée d’étude aura lieu en février 2024 au Centre Jacques Berque (CJB) à Rabat. Après le colloque, certaines communications pourront être retenues pour une publication éditée par le Centre Jacques-Berque (https://books.openedition.org/cjb/?lang=fr). La journée d’étude sera suivie le lendemain par une réunion des membres du RHAM au Centre Jacques-Berque (CJB) pour discuter des suites à donner au réseau.
reseaurham

Calendrier
- Lancement de l’appel à contribution
- Date limite de soumission des résumés
- Notification aux auteurs
- Envoi de la communication finale
- Tenue de la journée d’étude
Comité d'organisation
- Nadya Rouizem, Laboratoire AHTTEP, UMR AUSser, Ecole Nationale Supérieure
d’Architecture Paris Val-de-Seine - Ben Clark, Université libre de Bruxelles (ULB), centre de recherche HABITER et
laboratoire Hortence - Pauline Raillot, Sorbonne Université, Centre André-Chastel
Comité scientifique
- Tom Avermaete, ETH Zurich, Institute for the history and theory of architecture (gta)
- Victor Brunfaut, Université libre de Bruxelles (ULB), Centre de recherche HABITER
- Maristella Casciato, Senior curator and head of architectural collections at the Getty
Research Institute - Jean-Louis Cohen, Sheldon H. Solow Professor in the History of Architecture,
Institute of Fine Arts/New York University et Visiting Professor, School of
Architecture, Princeton University - Axel Fisher, Université libre de Bruxelles (ULB), centre de recherche HABITER et
laboratoire Hortence - Khalid El Harrouni, École Nationale d’Architecture de Rabat (ENA)
- Aziz Iraki, Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme de Rabat (INAU)
- Charlotte Mus-Jelidi, Chercheure et éditrice Archives d’Architecture Moderne
(AAM) - Daniel Pinson, Professeur émérite Aix-Marseille Université, UMR TELEMMe
- Bernard Toulier, Conservateur général du patrimoine au Ministère de la culture et
de la communication/CNRS
Bibliographie des ouvrages cités
- Aggregate Architectural History Collaborative. Architecture in Development. Systems and the Emergence of the Global South (Londres: Routledge, 2022)
- Avermaete, Tom. Maristella Casciato, Casablanca Chandigarh, Bilans d’une modernisation, (Montréal
- Chaouni, Aziza. "Depoliticizing Group GAMMA: contesting modernism in Morocco." Third World Modernism: Architecture, Development and Identity (2011): 57-84
- Clark, Ben, Axel Fisher. “The WFP 68-72 Rural Housing Program in Morocco”, In Nicholas Ferns, Angela Villani (dir.) Yearbook for the History of Global Development. Issue 3: International Organizations and the history of global development (De Gruyter, à paraître)
- Cohen, Jean-Louis, Monique Eleb. Casablanca
- Frey, Jean-Pierre. "Les valises du progrès urbanistique. Modèles, échanges et transferts de savoir entre la France et l’Algérie." Les Cahiers d’EMAM. Études sur le Monde Arabe et la Méditerranée, 20 (2010): 33-57
- Lagae, Johan, Kim De Raedt. "Global experts' off radar'." ABE Journal. Architecture beyond Europe, (2014)
- Levin, Ayala . “Beyond Global vs. Local: Tipping the Scales of Architectural Historiography.” ABE Journal. Architecture beyond Europe, 8 (2015)
- Lu, Duafang. “Entangled Modernities in Architecture,” In C. Greig Crysler, Stephen Cairns & Hilde Heynen, The SAGE Handbook of Architectural Theory (London: SAGE Publications Ltd, 2012)
- Rouizem, Nadya. Réinventer la terre crue. Expérimentations au Maroc depuis 1960 (Paris
- Stanek, Łukasz. Architecture in Global Socialism: Eastern Europe, West Africa, and the Middle East in the Cold War (Princeton University Press, 2020)
- Zandi-Sayek, Sibel. “The Unsung of the Canon: Does a Global Architectural History Need New Landmarks?,” ABE Journal. Architecture beyond Europe, 6 (2014)
- Tenzon, Michele. Village design and rural modernisation in the Moroccan Gharb, 1946–1968
(Diss. Université libre de Bruxelles, 2023) - Williford, Daniel. Concrete Futures: Technologies of Urban Crisis in Colonial and
Postcolonial Morocco (Diss. Stanford University, 2020).
7