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Appel à communications - L'architecture et l'urbanisme au Maroc après l'indépendance (1956-1986)

Trajectoires d'acteur et circulations des savoirs
Photographie aérienne du nouveau quartier d'habitat social à Tamelelt (Haouz de Marrakech), 1966. Fonds d'archive Jean Hens ULB
Appel à contribution
Le Samedi 30 septembre 2023 de 00h00 à 23h59
Centre Jacques-Berque, Rabat

Première journée d'étude du Réseau de recherche RHAM

La première journée d’étude du RHAM (le Réseau de recherche sur l’histoire de l’architecture au Maroc aux XXe-XXIe siècles, https://rham.hypotheses.org/) marque le lancement de ce nouveau réseau scientifique. Le RHAM a pour objectif d'être à la fois une plateforme d'échange, de partage d’informations, de publications, d’actualités, et une structure permettant d'organiser des activités de recherche tels que des séminaires et des ateliers doctoraux. Sa création vise à mettre en avant les nouvelles orientations de la recherche en histoire de l'architecture et de l'aménagement du territoire au Maroc aux XXe-XXIe siècles.

Les membres du RHAM (https://rham.hypotheses.org/membres) sont des chercheurs et chercheuses qui ont récemment achevé ou entrepris des projets de thèse liés au domaine de l'histoire de l'architecture et/ou de l'aménagement du territoire au Maroc. Le réseau compte actuellement une vingtaine de membres issus de différentes universités au Maroc et à l'international (Belgique, Suisse, Italie, France, États-Unis, Angleterre).

Une histoire de l’architecture de “l’après-indépendance”

Cette journée d'étude se concentre sur une période spécifique de l'histoire du Maroc : les trois décennies qui ont suivi l'indépendance du Maroc, de 1956 (date de l’indépendance) à 1986 (année du discours de Sa Majesté Hassan II devant les représentants des architectes, qui correspond aussi à la première promotion de l’École Nationale d’Architecture de Rabat). Cette période, qui demeure encore largement sous-explorée au regard de la littérature
produite sur la période coloniale, suscite désormais un intérêt croissant qui se reflète notamment parmi les recherches de plusieurs membres du RHAM tels que Lahbib El Moumni, Nadya Rouizem, Ben Clark, Michèle Tenzon, Sara Frikech, Daniel Williford, et d'autres. Fort de ce constat, la première journée d’étude du RHAM vise à faire se croiser et se rencontrer ces différentes manières d’aborder l’histoire de l’architecture, du paysage, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire au lendemain de l’indépendance, en mettant en évidence des matériaux de recherche inédits.

L'indépendance du Maroc, tout comme dans de nombreux pays anciennement colonisés, n'a pas entraîné une rupture nette. La structure générale de l'organisation institutionnelle héritée de la période du Protectorat a largement perduré après 1956. Malgré le départ de nombreux cadres français, une large part des postes à responsabilité est restée occupée, directement ou indirectement, par du personnel étranger après l'indépendance. De même, comme l'ont déjà analysé plusieurs membres du RHAM (Williford, 2020; Tenzon, 2023; Clark et Fisher, à paraître), les instruments d'aménagement du territoire mis en œuvre pendant ladite période Écochard (1947-1953) ont perduré bien après 1956. Un exemple tout aussi emblématique de cette continuité est la présence et l'influence persistantes après l'indépendance, de certains architectes déjà actifs pendant la période du Protectorat, tels que le célèbre groupe GAMMA (Cohen et Eleb, 1998; Chaouni, 2006).

Malgré les effets résiduels et persistants du colonialisme, la situation d’après-indépendance reste singulière et voit apparaître de nouveaux acteurs, de nouvelles aspirations, une complexification des relations avec ‘la métropole’, et l’essor de nouveaux partenariats bilatéraux. Tout cela se déroule dans le contexte des tensions de géopolitiques internationales et des enjeux liées à la Guerre froide sur le territoire marocain, mais également dans une période connue comme “l’ère du développement” au coeur des débats historiographiques contemporains en architecture (par exemple: Aggregate, 2022 ; Stanek, 2020). Pour prendre en compte la complexité et la singularité de cette période, l'une des approches possibles pour les historiens serait de retracer les diverses trajectoires et les circulations entremêlées d'objets, d'acteurs, de connaissances, de modèles et de techniques.

Ceci n’est pas sans rappeler le concept “d’histoire globale”, introduit notamment par les travaux d’Anthony King dans le champ de l’architecture. Cette approche historiographique, encore en grande partie ‘insaisissable’ et qui continue à faire débat (Zandi-Sayek, 2014 ; Levin, 2015), se structure autour de l’idée que la focale du cadre national doit être dépassée, afin de mieux prendre en considération les réalités multiscalaires et transfrontalières d’un monde nécessairement et constamment interconnecté. Les frontières d’espaces géographiques apparemment bien distincts se brouillent et c’est désormais autour des différentes formes de circulations, rencontres, conflits, connexions, résistances, transferts que le ‘regard global’ se construit.

Cette approche permet en outre au niveau méthodologique de renverser une historiographie encore trop souvent apologétique des ‘grands hommes’, des ‘architectes aventuriers’, pour se concentrer sur l’analyse des réseaux d’acteurs divers et parfois ‘off-radar’ (institutions internationales, experts voyageurs, ingénieurs locaux, etc.), des transferts (de technologies, modèles, instruments, etc.) et des ‘zones de contact’ (expositions internationales, lieux de formation, etc.) mais également et surtout de considérer la place et l’agentivité de la pluralité des acteurs du Sud planétaire, en ne les représentant plus comme des récepteurs passifs mais comme des participants à part entière de ces réseaux.

Reste à savoir comment cette ‘perspective globale’, suivant laquelle l’objet d’étude s’inscrit au croisement de multiples et diverses circulations et trajectoires transnationales, peut participer à éclairer des aspects encore inconnus de l’histoire de l’architecture de l’après-indépendance au Maroc. Quels peuvent être les apports d’un regard ‘global’ sur l’architecture postcoloniale / de l’après-indépendance au Maroc ? Comment appréhender cette histoire en inscrivant les pratiques, les acteurs et les concepts dans des tissus de relations qui dépassent et court-circuitent les géographies nationales ?

Axe n°1 : Trajectoires des acteurs

À travers ce premier axe, nous cherchons à retracer les trajectoires internationales de différents types d’acteur ayant marqué l'histoire de l'architecture, du paysage, de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire au Maroc entre 1956 et 1986 ; et ce, en privilégiant l’analyse d’acteurs qui n’ont pas encore fait l’objet d’études approfondies. Parmi ceux-ci figurent bien entendu les architectes, mais également d'autres professionnels tels que les ingénieurs et autres experts souvent “hors des radars” (Lagae et De Raedt, 2014), ou encore des acteurs institutionnels comme la place d’organisations internationales ou d’entreprises de construction. Peuvent également être envisagés, les rôles des institutions de formation étrangères (telles que l'importance de l'École des Beaux-Arts ou de l'École Spéciale d'Architecture de Paris dans la formation des premières générations d'architectes marocains) ou de centres de recherche locaux, dans le parcours des architectes ayant exercé au Maroc.

Axe n°2 : Circulations des savoirs et des techniques

Ce deuxième axe propose d’aborder cette période de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme au Maroc par l’angle matériel et constructif. Il s’inscrit dans un intérêt récent de la discipline pour la question de la matérialité, et son rapport avec les formes architecturales et urbaines (Williford, 2020; Rouizem, 2022). La circulation de ces savoirs révèle une “adaptation sélective” ou une hybridation des modèles et des savoirs (Avermaete et Casciato, 2014). Ainsi, l’analyse historique des techniques constructives, des matériaux et des savoirs qui y sont liés, permet d’identifier des circulations, des transferts, des réappropriations de technologies. Dans le contexte marocain, cette approche pourrait participer à éclairer plusieurs décennies d’expérimentations de matériaux et de dispositifs architecturaux. Quels sont les savoirs et les techniques qui ont circulé, et comment ont-ils été adaptés et réappropriés ? Quelles nouvelles formes architecturales et urbaines ont-ils engendré ?

Modalité de contribution
Les propositions de communication en français ou anglais (un résumé de 300 mots, une bibliographie courte et une biographie de 100 mots maximum) devront être envoyées au plus tard le 30 septembre 2023, à l’adresse suivante : reseaurhamatgmail [dot] com

Les propositions seront évaluées par le comité scientifique et le comité d’organisation (voir composition ci-après). En cas d’acceptation, la communication finale (de maximum 3.500 mots) devra être envoyée par l’auteur pour le 15 janvier 2024.

La journée d’étude aura lieu en février 2024 au Centre Jacques Berque (CJB) à Rabat. Après le colloque, certaines communications pourront être retenues pour une publication éditée par le Centre Jacques-Berque (https://books.openedition.org/cjb/?lang=fr). La journée d’étude sera suivie le lendemain par une réunion des membres du RHAM au Centre Jacques-Berque (CJB) pour discuter des suites à donner au réseau.

Pour toute question concernant la journée d’étude, veuillez contacter:
reseaurhamatgmail [dot] com
Calendrier
  • Lancement de l’appel à contribution : 15 juillet 2023 (relance de l’appel le 25 août)
  • Date limite de soumission des résumés : 30 septembre 2023
  • Notification aux auteurs : 30 octobre 2023
  • Envoi de la communication finale : 15 janvier 2024
  • Tenue de la journée d’étude : 20 février 2024
Comité d'organisation
  • Nadya Rouizem, Laboratoire AHTTEP, UMR AUSser, Ecole Nationale Supérieure
    d’Architecture Paris Val-de-Seine
  • Ben Clark, Université libre de Bruxelles (ULB), centre de recherche HABITER et
    laboratoire Hortence
  • Pauline Raillot, Sorbonne Université, Centre André-Chastel
Comité scientifique
  • Tom Avermaete, ETH Zurich, Institute for the history and theory of architecture (gta)
  • Victor Brunfaut, Université libre de Bruxelles (ULB), Centre de recherche HABITER
  • Maristella Casciato, Senior curator and head of architectural collections at the Getty
    Research Institute
  • Jean-Louis Cohen, Sheldon H. Solow Professor in the History of Architecture,
    Institute of Fine Arts/New York University et Visiting Professor, School of
    Architecture, Princeton University
  • Axel Fisher, Université libre de Bruxelles (ULB), centre de recherche HABITER et
    laboratoire Hortence
  • Khalid El Harrouni, École Nationale d’Architecture de Rabat (ENA)
  • Aziz Iraki, Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme de Rabat (INAU)
  • Charlotte Mus-Jelidi, Chercheure et éditrice Archives d’Architecture Moderne
    (AAM)
  • Daniel Pinson, Professeur émérite Aix-Marseille Université, UMR TELEMMe
  • Bernard Toulier, Conservateur général du patrimoine au Ministère de la culture et
    de la communication/CNRS
Bibliographie des ouvrages cités
  • Aggregate Architectural History Collaborative. Architecture in Development. Systems and the Emergence of the Global South (Londres: Routledge, 2022)
  • Avermaete, Tom. Maristella Casciato, Casablanca Chandigarh, Bilans d’une modernisation, (Montréal : Centre Canadien d’Architecture (CCA), 2014)
  • Chaouni, Aziza. "Depoliticizing Group GAMMA: contesting modernism in Morocco." Third World Modernism: Architecture, Development and Identity (2011): 57-84
  • Clark, Ben, Axel Fisher. “The WFP 68-72 Rural Housing Program in Morocco”, In Nicholas Ferns, Angela Villani (dir.) Yearbook for the History of Global Development. Issue 3: International Organizations and the history of global development (De Gruyter, à paraître)
  • Cohen, Jean-Louis, Monique Eleb. Casablanca : Mythes et figures d'une aventure urbaine (Paris: Hazan, 1998).
  • Frey, Jean-Pierre. "Les valises du progrès urbanistique. Modèles, échanges et transferts de savoir entre la France et l’Algérie." Les Cahiers d’EMAM. Études sur le Monde Arabe et la Méditerranée, 20 (2010): 33-57
  • Lagae, Johan, Kim De Raedt. "Global experts' off radar'." ABE Journal. Architecture beyond Europe, (2014)
  • Levin, Ayala . “Beyond Global vs. Local: Tipping the Scales of Architectural Historiography.” ABE Journal. Architecture beyond Europe, 8 (2015)
  • Lu, Duafang. “Entangled Modernities in Architecture,” In C. Greig Crysler, Stephen Cairns & Hilde Heynen, The SAGE Handbook of Architectural Theory (London: SAGE Publications Ltd, 2012)
  • Rouizem, Nadya. Réinventer la terre crue. Expérimentations au Maroc depuis 1960 (Paris : éditions Recherches, 2022)
  • Stanek, Łukasz. Architecture in Global Socialism: Eastern Europe, West Africa, and the Middle East in the Cold War (Princeton University Press, 2020)
  • Zandi-Sayek, Sibel. “The Unsung of the Canon: Does a Global Architectural History Need New Landmarks?,” ABE Journal. Architecture beyond Europe, 6 (2014)
  • Tenzon, Michele. Village design and rural modernisation in the Moroccan Gharb, 1946–1968
    (Diss. Université libre de Bruxelles, 2023)
  • Williford, Daniel. Concrete Futures: Technologies of Urban Crisis in Colonial and
    Postcolonial Morocco
    (Diss. Stanford University, 2020).
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