Thèse
Résumé
- En 1867 la peinture d’histoire peut sembler sur le déclin, mais, à la vérité, elle n’aura probablement jamais été, au XIXe siècle tout du moins, si dynamique qu’entre cette date et 1900. Théoriquement d’abord, ce genre assailli par la modernité ne cesse de se redéfinir puisqu’il s’est déjà ouvert au paysan (1830-1860) et qu’il englobe bientôt l’ouvrier (1880-1890). Surtout, l’émergence progressive de la notion de décoration le mine dans ses fondements en même temps qu’elle tend à lui disputer sa préséance : un combat est livré au terme duquel le tableau d’histoire, recentré sur le contenu (le sujet, l’histoire) voit lui échapper sa raison d’être formelle – le style, la plastique – échue à la décoration. À l’heure du retour de la peinture sur elle-même, sur ce qui la constitue, voilà qui revient à définitivement déclasser le tableau d’histoire dans la création contemporaine. La richesse de ces questionnements sur les prémices du grand genre se traduit pourtant aussi, pratiquement, au niveau des formes – ce que Matisse aurait appelé le « sens majeur » –, par une prolifération de tendances stylistiques contradictoires : entre 1860 et 1880, au classicisme raphaélien de Bouguereau et de Cabanel répond l’anticlassicisme de Moreau et de ses fils spirituels coloristes ou dessinateurs ; tandis que, de 1875 à 1900, le réalisme de metteur en scène développé par Gérôme, Laurens puis Rochegrosse et Tattegrain est systématiquement désavoué par une tendance plus élégiaque (Henner), littéraire (Fantin-Latour), voire murale (Martin). Les ultimes contributeurs à la peinture d’histoire semblent avoir déjà l’âme de décorateurs – c’est effectivement comme tel que Martin passera à la postérité –, mais, en définitive, ces décorateurs du début du XXe siècle pourraient bien être compris comme les héritiers directs de ceux que, quelques décennies plus tôt, on qualifiait de « peintres d’histoire » : dans les deux cas on aspire à la synthèse et l’on perpétue la tradition fresquiste italienne. Le « grand goût » aura survécu à sa cause.
Jury
- M. Guy Cogeval
- M. Éric Darragon (Paris 1)
- M. Bruno Foucart (Paris IV)
- M. Barthélémy Jobert, prés. (Paris IV)
- Mme Geneviève Lacambre (musée d’Orsay)
- Mme Christine Peltre (Strasbourg 2)